
Vol 1515 Pour Marignane – Part 6
(Episode 6 : générique Star Wars ak la zik qui résonne tout bien komifo comme sikon était à l’Opéra de Sidney… Clap 1ère).
Effectivement, sous nos yeux tout esbaudis, se dessinait le ruban lumineux de la piste « del Aérodromo de Aviación Internacional y Locale de Aracati »(1) ((Je sais : au Brazil y causent que l’portugais… MAIS : 1) J’en pique pô une broque et j’suppose que vous non plus ; 2) On est sur SL, donc : tout est permis ; 3) C’est bcp plus marrant pour l’accent sans les « chhh » portugaisiens ; 4) C’est moi kékri donc chfé skeu’j’veux ; 5) J’vous… hein… voyez quoi… et à pieds, à ch’val, vélocipède, ouature, etc… Et même, même, même : en spouknit ! C’est pour vous dire, hein…)).
Fascinante féerie que cette multitude lumineuse traversant les ténèbres tels les dauphins guidant sur l’océan furieux les navigateurs égarés vers la terre ferme et salvatrice… (La vache !!! faut qu’j’la note celle-là !!! Pis j’va l’envoyer à ma môman, tiens… Va ête super contente ma mamounette d’amour à moua…na et toc !).
Un message radio sur la bonne fréquence dans la langue de Cervantès pour demander une autorisation d’atterrissage et hop : Lémonette amorce sa manœuvre d’approche… au moment précis où un certain témoin lumineux sur le tableau de bord se met à clignoter en rouge, faisant ressortir son lettrage noir, « SOIF ! » : il est en effet plus que temps qu’on s’pose…

« Heuuu… dis, ma poupougne (bah vui, c’est comme ça que j’appelle Lémonette… Ca vous pose un blème, bande de nains ?) : fais kaméme gaffe aux flotteurs en te posant hein, sont pas vraiment vides ch’teu f’rais rappeler… Ca s’rait kaméme ballot d’aller répandre eud’la si bonne gnôle sul tarmac de ces cons là : 15 ans d’âge, hein ! Et distillée avec amour par l’Roger… Tu l’connais, ch’crois, l’Roger ?… 50 kilos de patates, un sac de sciure de bois, et il te sort 25 litres de 3 étoiles à l’alambic ! Un vrai magicien, l’Roger… »
Lém, mains serrées sur les commandes, langue coincée entre les lèvres (c’est un tic quand elle est concentrée sur ses manœuvres voire sur ses OHQ), rétorqua : « Ho bah, tu penses si j’eul connais : j’connais qu’lui !!!… Un jour, faudra qu’j’vous raconte nos excentricités dans une petite taule du côté de Bien Hoa, pas tellement loin de Saïgon : « Les Volets Rouges »… et la taulière : une blonde comac ! Comment qu’elle s’appelait, Nom de Dieu ??? V’là qu’j’ai pus ma tête !!!… »
« Lulu La Nantaise ! » asséna Paulette entre deux déglutitions de fraise Tagada…
« T’as connu ???!!! » s’est-on exclamées, Lémonette et moi, d’une même voix stupéfaite.
Paupiette, dans l’impossibilité de répondre pour cause de mouth full of Tagada’s Strawberries, s’est contentée de sourire benoitement avec, dans les yeux, des lueurs mordorées des plus éloquentes… (P’taing, j’la note aussi celle-là !)
« Va VRAIMENT falloir qu’on cause TRES sérieusement toutes les trois un d’ces quat’! » Ai-je marmonné…
Lém a fait comme si elle n’entendait pas et a lâché : « tassiiiooon : ça tooouuucheeeuu !! »

« Scruuuiiittcchhppoouuiiffff zouikkkiiiiiiggnniiiiiii zouiiikk zoouuiizzzouiiiikkk ziiiioouuiiikkk» ont fait les boudins en embrassant le tarmac. Lém a baissé les gaz progressivement jusqu’au taxi et elle est venue positionner « l’Intrépide » (Ha bah vui, du coup : c’est son nom !) devant le poste que la Tour nous avait assigné et elle a laissé tourner les moteurs encore un moment afin que les passagers n’entendent pas notre conversation ; passagers sur lesquels je gardais un œil tout aussi discret qu’attentif et scrutateur…
« Bon… Quand ça change, ça change… Faut jamais se laisser démonter… » dis-je en attrapant la boîte de 5 Kg de Sablés Bretons qu’était sous mon siège (ben vui : des fois j’ai un creux entre deux casse-croûtes…) et de laquelle j’extirpais 3 Colt Python dans leurs étuis de ceinture. J’en donnais un à chacune de mes potines -ainsi qu’une provision de cartouches suffisante- et j’accrochais le mien à ma ceinture. Lém et Paupiette me fixèrent un instant, quelque peu interloquées, et je trouvais bon d’ajouter :
« Bah oui, hein : on va pas s’refarcir un épisode « Tokarev-posez-vous-siouplé-ou-j’dessoude », nan ? Donc : précautions ! En plus, comme disait Al Capone : « t’obtiens beaucoup avec un mot gentil MAIS, t’obtiens encore plus avec le mot gentil ET un révolver… Surtout s’il est chargé à la 357 Semi-Blindée-Expansive comme ceux-là… Ca t’fait des cratères comme le Vésuve ! Tiens, jeum souviens d’une fois au « Splendid » à Macao, vers les 6 plombes du mat’, où qu’y a un rombier qu’a voulu jouer à la roulette Russe ahék ça… ben, on n’y a jamais r’trouvé la tête à s’con là, dis donc ! Tu m’diras qu’il avait pô grand-chose dedans, mais kaméme : ça laisse songeur… ».
Mes deux frangines, les yeux écarquillés, me toisèrent comme un canard qu’aurait couvé une clef à molette et, dubitatives, se rangèrent alors à mes arguments et m’imitèrent en ajustant leur flingue à la hanche…
« Bon… Alors récapétons, dit Lém. On a la Olga à dégager : ça, ça s’ra pas trop l’problème, j’pense… Par contre, s’qui va être la merde : c’est les fraises Tagada… »
Paupiette rosit et baissa les yeux sur ses pompes tandis que Lémonette lui balançait un regard de type « Scud »…
« Atadez, les filles, dis-je alors, faut pas qu’on s’affole : c’est là oukonfé des counneries, sinon… Déjà : faut briefer les passagers ; ensuite : faut qu’on s’occupe de la Olga ; enfin : les Tagada… J’vous laisse les 2 premiers points, pour le 3ème : j’ai une idée… »
« C’est quoi ? » demandèrent alors de concert (à Pleyel, Gaveau affichait complet) mes deux acolytes.
« Je vais aller voir les autorités locales… ».
« Hein ??? » meuglèrent-elles de concert again.
« Ben oué ! J’vous rappelle qu’en plus d’être Pilote à la NLFA(2), la Chief du LFPD(3) : c’est bibi-ma-pomme ! Et qu’en cette qualité chuis membre de l’IPA (4) ! Soi-dit en passant : vous aussi !… ben ouais, vu que j’me doutais qu’on risquait kaméme d’avoir quelques péripéties, je vous ai inscrites aussi vu que l’IPA a des membres Bienfaiteurs « non flics », assénais-je alors en leur donnant leurs cartes qui attendaient sagement au milieu des Palais Bretons (les biscuits, hein… pas un Château Royal !!! On l’aurait mis OU d’abord, dans un DHC3, hein ??? Rhalalaaa, j’vous jure, ppfffff, zêtes lourds des fois, hein…).
Lém et Paupiette regardèrent leurs ID+Badges avec des yeux pétillants de ravissement avant de les enfourner dans leur poche (les porte-cartes, pas leurs yeux… Ppppppffffffff j’en ai maaarreeee de tout devoir vous zekspliker…).
« Et cha ‘eut ‘archer tu chkrois ? » Postillonna alors Paupiette en rose fluo…
« Bah… D’façon, on risque rien d’essayer… à part 50 ans d’taule -pask j’escompte les circonstances atténuantes, un avocat marron et un juge véreux, hein…-… D’façon : faut ksa marche ! Pask chais pas pour vous mais, perso, les gangbangs multi quotidien à 350 dans une geôle fétide brésilienne par 40° à l’ombre -sans jeu de mot, hein- ben, c’est pô trop ma perspective d’avenir… ni proche, ni lointain, hein… ».
Aux mines pensives des deux minettes, je vois que j’ai touchée juste.
« Bon, ben = let’s go, les filles ! » dis-je péremptoire (oui, oui : le pôpa de la Maire de la commune des Deux-Chèvres…).
Je m’extirpe de mon siège imitée par Lémonette, et Paupiette, avec son sens aigu de l’anticipation, va se positionner entre les deux portes latérales de l’appareil, sourire enjôleur aux lèvres et main sur la crosse du calibre, tandis que Lémonette, main sur la crosse du pétard aussi, toise nos passagers d’un regard qui n’est pas celui de Lauren Bacall mais qui a, outre un port altier, également celui de l’angoisse qui fige l’assistance comme des monolithes (de pinard… Bah, oui, je sais… Mais j’allais kaméme pô la laisser passer celle-là, hein…).
L’aube se lève doucettement sur « l’Aérodromo de Aviación Internacional y Locale de Aracati » et la fraîcheur apaisante de la nuit cède lentement place à la torpeur équatoriale tandis qu’on entend, dans le lointain, les zanimaux de la savane (de Papy Brossard.. heuu nan ! scusez-moi : un instant d’égarement…) lancer leurs premiers cris : qui à la recherche d’un truc à bouffer ; qui à la recherche d’une femelle à heuuu, ben heu… hein… voyez quoi, hein… ; qui, enfin, juste pour l’plaisir de brailler et de bien faire chier l’monde dès potron-minet, que même que c’est là qu’t’as envie d’leur balancer tes groles en pleine mouille mais qu’tu l’feras pô because qu’après tu s’rais obligée d’marcher à pieds nus !…
Je balaie l’environnement d’un regard circulaire, telle Lassie, et je me dis que c’est pô vraiment l’16ème, hein…
Je scrute… je scrute… et, enfin, mes yeux se posent sur un kréééé zouli local qui m’rappelle celui de l’Aérogare de notre cher Nokolo-Lingua et qui plairait sûrement à notre Chère Chouchoune bien-aimée… Et, sur un kréééé zouli panneau bleu pastel comme celui de l’Aérogare de notre cher Nokolo-Lingua et qui plairait sûrement à notre Chère Chouchoune bien-aimée, je lis : « Policia Federal del Aviacion » en lettres capitales blanches et, juste en-dessous et en plus petits caractères : «Commandante en Jefe Supremo de Servicio = Diego-Garcia Ricardo Amilcar Klaus Ernesto Fidel CERVEZA Y TAPAS / Ouvertado todos los jourés dos 10.15 a 11.45 é dos 16.30 a 18.15 a la essepcion dos mercrédidos ».
Hé ben, valà : c’est « ça » qu’je cherchais ! pense-je tout haut tandis qu’un sourire radieux illumine ma bouche sensuelle et délicate (et Seine…).

Je tire sur mon blouson pour dissimuler mon cher Python et, d’une démarche aussi ferme qu’assurée grâce à des pieds tout aussi superbes que magnifiques que surmontent des jambes au galbe digne d’une déesse Antique et qui feraient déprimer Adriana Karembeu et consorts, je me dirige vers ce charmant local officiel qui m’rappelle celui de l’Aérogare de notre cher Nokolo-Lingua et qui plairait sûrement à notre Chère Chouchoune bien-aimée…
Alors que la moiteur ambiante commence à m’étreindre (NAN = c’est pô seskuel !!! tas d’obsédé(e)s !!!), à quelques pas de la porte du bureau de la « Policia Federal », un curieux remugle de sardines grillées, oignons frits, riz gluant au pois-chiches et œufs bouillis mélangé à des relents de gros-rouge-qui-tâche vient soudainement « titiller » et carrément agresser les narines de mon si joli tit nez délicat dont tout l’monde est raide dingue… (Soi-dit en toute modestie, hein… Vous m’connaissez…)
« Hé, ben : ça promet ! » marmonne-je en faisant mon Signe de Croix…
Un mélange de rires graveleux et niais, mêlé de chansons cacophoniques -dont je ne devine que trop les paroles- accompagnées par une guitare anémique et un accordéon grinçant, émergent de cet endroit où je dois, malgré tout, toquer à la por… lourde. (Et je préférerais y être justement, à Lourdes…)
« Schblaaafffooouuummm, Schblaaafffooouuummm, Schblaaafffooouuummm » font mes « toc, toc, toc » en résonant contre la porte en tôle ondulée couverte de rouille.
« Siiiii ! Entraaar ! » beugle alors une voix qui me rappelle furieusement le bruit que font des cailloux associés à des boulons de 14 dans un sac de jute jeté dans le tambour d’une machine à laver en position essorage…
J’entre, donc…
Les « tsoin-tsoin zim-boum » se taisent comme par magie et j’avise alors, face à moi, quatre zabrut… fiers représentants de la Policia Federal : 2 rases-moquette tout droit sortis d’un dessin animé de chez Pixar avec des trognes tout aussi réjouies et éveillées qu’un édredon entre les patounes de Bizounours(5) au mois de Février ; un dégingandé à la moustache type Clark Gaybeul et aux yeux aussi vifs d’intelligence qu’un pétoncle trop cuit et, enfin, un heuuu… ben, heuuu… une sorte de croisement atypique de Baleine à Bosse et d’Eléphant d’Asie, lequel, au vu des galonnages dont il est orné, doit être le fameux « Comandante » dont le patronyme orne le panneau extérieur.

Quatre regards dès plus salaces plongent alors vers mon décolleté et les 4 déb… fiers représentants de la Policia Federal s’interpellent joyeusement :
El Comandante (la baleine éléphantesque) : « Noooo !!! Esta stupéfianté ! Esta la puta que tou convocado, Capitán Reiss? Lalalala : quélla paira dé grossa tétasses !!! »
El Capitan Reiss (l’andouille aux bacchantes cirées) : « yo no sé, Comandante : mi ouébocaméra esta todo cassa ! No visiona las putana ! Ma yo paya elle los escudos porqué alla viendra por satisfaçion la brigada… Ala méma hora : soille doi étra elle, no ? »
Los Agentes (les deux nabots niais) : « hé hé hé hé hé… hé hé hé hé hé… Ola ! Si ! Hé hé hé hé hé… »
Là… même si chuis pô trop fortiche en espingouin (quelle conne = j’aurais du envoyer Paupiette, tiens…) jeum dit kyia kaméme comme qui dirait un risque eud confusion et qui faut de suite rectifier l’tir avant ksa dégénère… et en parlant d’dégénérés : j’en ai une belle brochette devant moi !
Je tape alors dans mes mimines -et du pied aussi par la même occasion- dans un élan hidalguesque pour réveiller cette bande de crét… fiers représentants de la Policia Federal…
Moi : « Ola ! Qué tal ! Olé ! Bamos ala playa amigos ! Ayyyyiiiii ! E qué biba la rébolucionne ! Per favor ! E pericoloso sporgersi astra siempré ! Esta entendiés é toussa ! Cuando sé comé aqui ! Olé ! Toro ! Equé biba Zappata !! Equé biba Panzanni ! Equé biba Don Salluste ! Olé ! Ola ! Olé ! Ola ! Clap clap clap clap clap (imitation de castagnettes)»…
4 paires d’yeux vitreux et exorbités me fixent incrédules dans un silence de plomb… El Comandante éclate alors d’un rire graveleux imité par ses hommes :
« Ha ha ha ha ha ha !!! Excellenté !!! Excellenté !!! Quella houmoristico !!! é quélla paira dé grossa tétasses !!! » lâche-t-il en passant sa langue sur ses lèvres adipeuses.
« Siii Comandante !!! » exulte alors el Capitan en s’approchant de moi et en posant sa main sur mon postérieur !!! Alors, ça : c’est la goutte d’eau !!! Je dégaine mon Python à la vitesse de Buzz (ben oui quoi = Buzz l’Eclair !!!) et lui colle le canon entre les deux yeux tandis que de ma main gauche je le déleste du Colt 45 qui pend à sa ceinture et j’le pointe vers les 3 autres crétins…
« ‘coute moi bien l’mongolien, que j’fais suavement avec des yeux de Gorgone, ou tu vires ta patte crasseuse de mon cul illico, ou ch’teu fais un trou si grand au milieu du front qu’on pourra y faire passer un pipe-line ! C’est vu, dugland ? Entiendés ? ».
Visiblement il a pigé parce qu’il retire aussitôt sa main calleuse qu’il vient joindre à son autre pogne dans un geste religieux.
« Ma… Ma… Balbutie alors el Comandante, no esta la puta qué nos attendado !!! »
« Tout juste mon gros ! que je rétorque en repoussant du bout de mon flingue el Capitan aussi livide qu’une merde de laitier. Don’t move, hein, connard ! ajoutai-je avec un clin d’œil »
On aurait entendu péter les mouches qui semblaient avoir conquis les lieux. Je rengaine mon flingue le temps de me saisir de mon porte-carte IPA que je balance, ouvert, devant el Comandante tout en continuant de braquer tout ce p’tit monde avec le 45 du mal poli :
« No soy puta : soy policia ! mon con jovial ! »

El Comandante examine le document et me toise complétement ahuri. La sueur coule sur son front gras et son visage passe par différentes couleurs avant d’atteindre le rouge écarlate. Faisant alors fi du flingue que je braque, il se lève et se met à engueuler copieusement ses subordonnés en ponctuant sa diatribe d’une kyrielle de jurons qu’il serait trop long et fastidieux de rapporter ici. Il se calme enfin, se fend d’un large sourire et me rend mon morlingue en écartant les bras en signe d’excuse :
« ié soui plous que navré de cette sitouacion, señorita Sixpance ! ié vous présente toute les seskousses della Policia Federal : ié soui confoussioné beaucoup ! Voyez-vous mes iommes ont organissé oune petite festivacion en mon honneur ma il semble qué y a ou oune errore ! Encore oune fois = todos nos seskousses… Si ié po faire quoi qué sé soille pour vous zétre agréable, n’hésitez pas, señorita »
J’ai une moue dubitative en regardant les 4 mousquetaires locaux, mais j’me dis que, dans l’fond, zont malgré tout pô l’air de si mauvais bougres que ça et que vaut mieux ce genre d’aide que pas d’aide du tout… A défaut d’grives, hein…
Je rends alors son flingue à el Capitan qui retrouve enfin des couleurs humaines en rengainant son artillerie et les visages des deux autres « policiers d’élite » s’illuminent de nouveau…
« Merci señor General, et ravie de voir que vous parlez français ! fort bien ma foi… (un coup de cirage de pompes ça peut pô faire de mal hein, surtout dans ce genre de situation…) »
« Oh señorita vous êtes trop bonne… ié me debrouille oun peu dans ploussior langues -mes iommes aussi- nous devons à cause des tourisses, n’est-ce pas… Et ié né soui pô Général…»
J’acquiesce avec un sourire entendu et je reprends : « Oh ! j’en suis navrée ! J’aurais pensé qu’un homme comme vous, avec de telles responsabilités était au moins Général… » (ha ben, oui : je sais, mais hein…)
Son énorme face de lune resplendit de satisfaction béate à mes propos et j’enchaine : « en effet señor Colonel, et c’est l’objet de ma visite, mes amies et moi avons besoin d’un peu d’aide… »
Il se gonfle comme un paon (heu… un paon géant et obèse, hein…) et ses hommes aussi du coup par mimétisme de bon aloi…
« On va vous donner todos l’aide que vous voulez, señorita Sixpance, comptez sour nous ! Et en attendant on va trinquer à l’amitié inter les polices et votre bienvenida à Aracati… Et yo no soy Colonel non plous, ié soui que Comandante… »
Je souris de nouveau en retartinant un coup : « Je suis convaincue que vous serez très rapidement promu à ces grades, señor Comandante… »
On me présente une chaise tandis qu’el Comandante distribue les verres et s’empare d’une bouteille à l’étiquette chamarrée et rempli au ¾ d’un liquide incolore qu’il nous verse généreusement.
El Capitan, enfin totalement rasséréné, me lance alors : « Vous salez vouar señorita, esta essessivamente dessaltérant : faizez comme nous… »
J’observe donc le rituel : verser une petite pyramide de sel sur la peau entre le pouce et l’index, poing fermé, mordre un quartier de citron vert pour en extraire le jus puis, lécher le sel d’un coup, croquer un mini poivron d’environ 1 cm et avaler le verre d’un trait… Trop fastoche : j’me lance donc, comme on me l’a montré…
C’est con, kaméme, comme on peut s’tromper sur des trucs basiques quand y zont pas la bonne taille… En effet, s’tait pô un mini poivron rouge mais un piment super concentré-incendiaire-dynamité qui, nonobstant l’inflammation napalmienne dont il envahit ma bouche, emporté par le grand verre d’alcool pyromaniaque que j’ai basculé cul sec, se répand dans mon tube digestif pour finir d’exploser dans mon pauvre stomac en fission apocalyptique !!!
Je serre le bois de la table comme un marteau pilon tandis que j’ouvre une bouche béante à la recherche désespérée d’oxygène telle une carpe hors de l’eau !!! Mais je ne sens aucun air entrer : juste un sirocco puissance 10000 s’expulser de ma bouche tandis que des geysers de fumée incandescentes jaillissent de mes zoreilles !!! Seigneeeeuuuurrrr : pourvu que personne n’allume une cigarette !!!!!
« Rafraichissanté, no ? » me demande niaisement el Capitan Reiss avec un sourire bien con.

Je me lève avec l’aisance d’un paresseux anémique et me rue à l’extérieur comme Bizounours sur un fémur de bœuf et je plonge la tête dans le fut de 200 litres qui sert visiblement à récupérer les eaux de pluie et je bois, je bois, je bois, je bois, je bois, je bois…

Mon incendie corporel enfin éteint, je reviens dans le local de la Policia et me rassois sous les regards quelques peu interloqués des 4 compères (Guilleri, carabi titi, carabi toto, carabo, compèreuuu Guilleriiiii) visiblement soulagés de me voir revenue…
El Comandante de me fixe de ses yeux délavés de bon gros vivant pachydermique et se fend d’un sourire qui découvre des chicots d’une blancheur et d’un entretien qui me sidèrent tant le contraste est abyssal avec sa mise générale, notamment au vu des taches diverses et variées qui maculent son uniforme…
« Señorita Sixpance… » commence-t-il…
« Appelez-moi Juju, comme tout l’monde : on est collègues après tout, hein ? Et c’est valable pour vous autres aussi, dis-je en regardant tout à tour mes nouveaux potes »
« Señorita Juju, reprend el Comandante tout frétillant de l’honneur que je viens de lui faire, de comment qu’on peut vous aider, vous et vos amies ? … »
Mon abreuvage salvateur m’a stimulée et a fait jaillir une idée qui va talquer mes copines : JE SAIS comme se débarrasser d’la Olga pour le plus grand contentement de tout l’monde…
« Comandante, susurre-je alors, je crois que, d’une part, la personne que vous attendiez ne viendra pas et vous a bien engourdie de vot’ pognon, et je crois aussi, d’autre part, qu’une Secrétaire avenante, cultivée, multi-lingue et…comment dire… « disponible » à tout moment, vous serait de la plus grande utilité pour la bonne marche de la Brigada… Or, il se trouve que mes amies et moi, nous avons cette perle-rare sous la main !… »
8 yeux-boules-de-billard me fixent intensément.
« C’est-à-dire, Señorita Juju, qué los boudget est plutôt serré et… »
Je le coupe comme Sanson coupa Robespierre :
« Ne vous inquiétez surtout pas Comandante, cette personne est dotée du plus grand des altruismes, elle ne fait pas ça pour l’argent, dis-je en pensant que rien qu’une des bagouses que la garce à aux didis équivaut au PNB du Gabon pour les 40 prochaines années, vous verrez : vous en serez enchanté ! »
« Ca alors… Caraï de caramba !!! Comment vous remercier ? Qué pouvons nous faire Señorita Juju ? »
J’ai une moue et un tit sourire en coin un peu gêné -pask c’est là où ça va être coton (de Tulear)- et je murmure presque tandis qu’el Capitan remplit à nouveau nos verres :
« Ben,voilà : il faut absolument qu’on trouve 25 kilos de…. Fraises Tagada !!! Mais, ici… sans vouloir vous vexer, hein… »
Je ne sais pourquoi mais c’est alors une explosion d’hilarité, le Nagasaki du fou rire : mes 4 poulados sont pris de convulsions et de tremblements rigolards !!! Ils suffoquent, toussent et rient de plus belle !!! Je songe alors avec effroi (de Behring) à un quelconque effet secondaire et sournois de la « boisson » que nous venons d’ingurgiter mais je me rassure vite en me disant que « non ! » vu sk’ils doivent distiller chaque jour… y a forcément ote chose !…
Je reste là pensive à les laisser s’époumoner et, du coup et sans m’en rendre compte, je bascule le verre qui était devant moi ! Ben, sans l’piment et le sel, tout compte fait = ça s’boit… Bon, faut kaméme arconnaite que c’est pas une boisson d’tarlouzes, hein… Mais, ça s’boit…
Les hoquets hilares s’estompent peu à peu et un semblant de calme s’instaure enfin. Mes lascars épongent leurs yeux et leurs fronts et tentent de reprendre une attitude moins volubile.
« Señorita Juju : cé iour est votre iour dé chance, à vous et à vos amies !!! » M’assène (et Marne) el Comandante.
Je reste coite quasi interruptus et telle Sheila à ses débuts (ben oui = Sheila a l’avait des coites ! pppfff). C’est alors el Capitan Reiss qui prend la parole et m’explique :
« Vouaillez-vous, Señorita Juju, notre Comandante, il a un beau-frère… »
« J’en suis ravie, et alors ? questionne-je en tentant d’imaginer TRES difficilement -bien que dotée d’une imagination fertile- la rombière dudit Comandante »
« Et alors, el beau-frère de notre Comandante, il vit dans la Capitale, à Brazilia… »
Je m’abstiens d’ajouter « vous m’auriez dit à Boulogne-Sur-Mer : qu’j’aurais eu du mal à vous croire… » mais bon… J’attends la suite avec l’impatience de la Boule de Poils de notre chère Paulette devant une barquette de Sheba…
« Et à Brazilia, le beau-frère de notre Comandante, il a ouna très bonne sitouacionne : il est… l’Importador esclouzive por toudo l’Amériqué dou Soud… DES FRAISSES TAGADA !!! »
Je manque de défaillir tandis que résonne dans ma tête la Fanfare de Cavalerie de la Garde Républicaine jouant « Prévôt des Maréchaux » aux accents ponctués de joyeux « Alléluias » !!!!!
Pour un peu j’l’embrasserai el Bossu, heuuu… el Capitan (me suis gourue d’flime !!! désolée)
« Atadez-moi : j’arviens ! faut qu’ch’téléphone dis-je en m’éclipsant dehors. J’attrape, tremblotante, mon Ail Phone de Séte et j’appelle qui vous vous doutez :
« Poupougne ? C’est moi ! on est sauvées !!! ata : ch’tesplik, ha et pis j’va vous présenter mes nouveaux potes et pis faudra k’tu choppes dans la caisse noire -sous mon siège aussi- une belle enveloppe pour les r’mercier les poves, pask y roulent pas sur l’or nan plus hein… Bref, ch’tesplik : écoute tout bien surtout hein… »
A esta continuados comme y disent ici…
(1): Aérodrome Aérien International et même Local de Aracati… (Ca rappelle vaguement quelque chose… Du côté de Nokolo… Cherchez pô chez Swan, hein…)
(2): Nokolo-Lingua Franca Airlines (C’est la dernière fois que je dis, hein, flûte à la fin !)
(3): Lingua Franca Police Department (Cf. ci-dessus : koikeuj’viens d’dire, hein ? L’faites exprès ou quoi ?
(4): International Police Association « Servo Per Amikeco »
(5): Le Rottweiler de ma mamie : 80 kg de muscles, d’intelligence et d’amour… Et un appétit légendairement gargantuesque…