
Vol 1515 pour Marignane Part -5-
Donc, la semaine dernière on se regardait passkeu on allait avoir des nouvelles sur nos passagers…
Générique…Musique… Tagada tsoin tsoin pourlatatuuut !!
Juju a fait signe à Paulette de surveiller les passagers, et a baissé le son, et on s’est préparées à écouter.
Zyva Cene, on t’écoute:
Alors oui ba voila, il semblerait que la grande bringue qui se la pète a donf et qu’a un accent rigolo, ben elle ait été vue dans plein d’endroits ou on a retrouvé des gens un tantinet trucidés sur les bords, et qu’elle ait mystérieusement disparu à chaque fois.
Bon, ya des soupçons, hein, mais pas que, elle a aussi Interpol dans les reins, pour une sombre histoire de trafic de vodka communiste, la vodka marade, bien connue pour les effets secondaires…. Vous êtes là les filles ?
Oui oui ma Cene on est là, mais on se pose des questions, t’imagines bien.
Bon, on te recontacte bientôt.
Paulette a sifflé entre ses dents, mais comme elle y arrive pas, ça a fait fffbbbllllllllll avec une projection non négligeable de postillons, et elle a fini sur un « ba je vais… enfin… ba… vous voyez quoi… » et a a pris son cap vers les cagouinces a la queue du zinc.
Bien sûr, dès qu’elle est arrivée au milieu de l’allée, on a braillé « Tu vas faire caca ??? » Paulette a fait « pffff vous êtes graaaaves » et elle a fermé la lourde.
Bon, c’est pas le tout, mais j’ai un cap à tenir moi, que j’ai fait, sers nous donc un coup à boire ma Juju, seuteuplé.
Autant demander à un asticot si il veut une époisses, j’avais pas fini la phrase que j’avais un guindal en pogne.
Un correction sur le cap, en douceur pour pas réveiller les passagers qui plongeaient un brin, et je me tourne vers Juju pour causer un peu.
Là, j’ai quand même été un peu soufflée, passkeu yavait bien Juju à côté de moi, mais:
-1- Elle avait des yeux comme des soucoupes, avec un message dans le regard qui disait clairement qu’elle était en train de passer en mode « grand coup de pelle dans la mouille »
-2- Entre elle et moi yavait comme un gros truc tout noir
-3- Le susdit truc était en fait un flingue gros ça comme
-4- Le flingue était tenu par une pogne plutôt soignée

-5- La pogne en question était raccorde à travers un réseau de neurones à une bouche plutôt bien dessinée
-6-La bouche a émit un son qui ressemblait à : « Je crrrrrrains que notrrrre plan de vol ne subisse un legerrrre modification, je n’ai pas prrrrécisément envie de rencontrrrrrrer l’oncle Sam, nous allons donc légèrrrrement corrrriger notrrrre cap disons verrrrs la Frrrrance »
Pleine d’à propos, j’ai lâché un дерьмо (*) de circonstance ce qui a fait sourire la porteuse du flingue, et j’ai fait poliment remarquer:
« On est au milieu de la flotte, en dessous il n’y a rien, comment tu veux que je change sans donner à boire au coucou , ma poulette ? (Salut Olga, jolie robe dis donc, c’est qui ton couturier ?) ».
« Ca est votrrrre prrrrrrobleme, je veux juste éviter USA, pour le rrrreste c’est vous pilotes… (Salut Lemon, la rrrobe est juste petit chiffon de chez Grrrrucho)
Bon, le sourire n’a pas duré, il s’est figé d’un coup, en même temps que résonnait comme un bruit de clochette mais en plus fort et deux octaves en dessous.
Les yeux pervenche sont partis dans le flou, et l’ensemble, princesse, flingue, et (jolie) bouche se sont tassés et ont donné l’impression de rentrer dans le plancher.
Juju qui perd jamais le nord, a intercepté le flingue (un Tokarev 7.62mm, qu’elle a dit)et l’a soigneusement engourdi…
C’est à ce moment la qu’on a vu la petite Paulette dans l’encadrement de la porte, et dans ses bras, elle tenait l’extincteur tout pourri, et qui n’extinctera plus vu la bosse qu’il porte maintenant. (Toute façon à entendre le bruit qu’il a fait, il devait déjà pas extinguer bézef).

« La dinde elle a bloqué la porte des chiottes, mais elle a pas vu que la cloison de côté c’est un rideau… ça frôle l’amateurisme, et ça se dit tueuse à gage, lalalala ! » Elle rigolait un brin la Paulette en disant ça.
Dis donc Lemon, j’ai vaguement eu l’impression que vous vous connaissiez avec la grande saucisse là ? a demandé Juju mi osotis mi stere de l’ouest (ba quoi ? c’est pas plus bête que mi figue mi raisin)
Oui, on se connaît même plutôt bien on était en pension ensemble au lycée Boris Vassilieff à Saint Petersbourg… mais siiiii je vous ai racontééééé.
Bon, ben on va ficeler tout ça hein ? a fait Juju en se levant, Tu m’aides paulette ? Et Lem faudra qu’on cause un de ces quatre…
Essayez de pas dégueulasser la robe les filles, je leur ai dit, et j’ai continue de tenir mon cap, en espérant le retour au calme.
J’en ai profité pour jeter un œil dehors, dans le crépuscule, avec au dessus les étoiles et en dessous les reflets de la mer, nous tenons tranquillement les 2000 pieds, et les couleurs du ciel, les lumières, poussent gentiment à la rêvasserie. C’est dans ces moments là que voler c’est magique. Surtout que le temps était dégagé et qu’on commençait à voir les côtes au loin.

Paulette et Juju sont revenues dans le cockpit, pour dire que la ruskof était au chaud entre les caisses de coulommiers. « On va la laisser a nouille orque derrière un tas de caisses, pas la peine de la filer aux effebihaïe, ça va nous retarder. » Sur ce mes deux copines ont reluqué à travers le pare brise, et on fermé leur clapet, rapport au paysage.
Ils pioncent tous derrière ? j’ai demandé histoire de regrouper un peu les rêveuses
Ba ils pioncent pas, mais yen a pas un qu’a moufté, a répondu Paulette, du coup, ça pue quand même un tantinet le passager particulier, si vous voyez ce que je veux dire?
Comme pour confirmer, la radio s’est mise à grésiller, et le velours de la voix de Cene nous a susurré au creux de l’oreille:
‘Tain ici Cene pour Juju, tu m’entends ma grande ?
Oui oui, ici Juju, pas la peine de couiner !
Si si c’est la peine ! C’est même vachement la peine! Lucien a fouillé dans ses fichiers, et ya au moins la totalité de vos passager, sinon plus, qu’a des casseroles au cul, et quand je dis des casseroles, c’est plutôt des marmites. Pour résumer, vous avez un concentré de malfrat qui essaient tous de changer d’air en loucedé.
Feuzez gaffe les filles, feuzez gaffe, ça craint un maske !!
On vient d’avoir un aperçu ma Cene, a répondu Juju, la ruskof nous a fait le coup du détournement, mais Paulette a rattrapé le coup… On te rappelle.
On a eu un moment de flottement, et j’ai proposé : Devant nous c’est le Brésil, on va poser pour donner a boire au zinc, et à nous, et on va larguer Olga en même temps, ça sera fait, et on avise avant de mettre le cap sur nouille orque. Ça vous va ? Ah et pour Olga arrangez vous pour lui filer une vieille combi de mecano passkeu elle ira pas loin fringuée comme ça dans la jungle, et en plus j’aimerais bien lui piquer sa robe, na !
Les deux autres ont fait oui, du coup, on a commencé a essayer de voir ou pouvait bien être cette saleté de ville, et d’un coup, Juju a montré la bande de lumières de la piste en gueulant c’est là c’est là… Bon, c’était pas la bonne ville, mais c’était une piste, celle de Aracati.

Paulette en a profité pour nous dire : « Fla flaloir auffli trouffller des flaises tlagladla… » le tout avec une pléthore de postillons roses. Elle en avait plein la bouche des fraises tagada, LES fraises indispensables au bon fonctionnement du moteur, et en trouver en pleine jungle brésilienne, je me suis dit qu’on avait pas le cul sorti des ronces……
Tou bi continuède
(*) le mot de Cambronne