Vol 1515 pour Marignane – Part 3


Là, Juju et moi on a ouvert des yeux comme des soucoupes, et c’est sorti presque en même temps :
Juju a envoyé:  » C’est pas nous » et moi: « Nan on était pas là on vient d’arriver »

C’est pô nous !!!

Le « chalomiste » en question a dû voir deux harpies montées sur ressort sortir du dossier du canapé, même que ça a du le surprendre parce qu’il a essayé de reculer.
Je dis bien essayé, parce que juste derrière lui il y en avait d’autres, plus une Paulette, le sourire en éventail, qui nous fait :
« Les clients voulaient rencontrer l’équipage, alors je les ai fait monter ici, et après on va rejoindre Cene pour les formalités »
Haaaaaannnnnnnnnnn j’ai fait, et moi qui suis même pas habillée pas maquillée pas coiffée haaaannnnnnnn !!! Et je me rue à l’étage pour enfiler une tenue correcte:
Pas celle la, nan pas celle la, nan pas celle la, nan pas celle la, nan pas celle la, nan pas celle la, nan pas celle la, celle la !!!! Ou l’autre là plutôt, a moins que….
T’arrives oui ??? vocifère Juju depuis l’étage du dessous qui par la même occasion s’avère être le rez de chaussée. Convaincue par ses arguments sous entendus mais néanmoins contondants, je me contente de ma tenue de commandant de bord (j’allais pas rater une occasion de mousser une peu hein, quand même) Bon, OK, j’aurais pas dû mettre des talons aiguille, mais l’habitude…
C’est sûrement pour ça que tout le monde me regardait avec un air bizarre, (même que le « chalomiste » avait un petit filet de bave a la commissure des lèvres) ou alors c’est parce que mon blouson n’était pas bien fermé, et comme je n’avais pas eu le temps de choisir un t-shirt…bref, le « chalomiste » en question me parait un peu zarbi quand même, faudra qu’on en cause… Il a les yeux montés sur roulement à bille dès qu’un nichon fait semblant de se montrer.
Ceci dit, belle abbesse, il y avait quand même pèle mêle dans le salon, un moustachu, un curé, un rabbin, trois autres types aussi bizarres, et deux gonzesse dont une ressemblait à s’y méprendre à la Castafiore, alors que l’autre avait un air cul pincé grande classe style jmeulapête adonf
La ya eu comme un flottement, et ils ont tous marmonné un « bonjour » plus ou moins multiculturel, et franchement multi lingual. Mon légendaire cerveau m’a alors susurré cette information capitale : ils causent pas tous le même étranger, et pas le même étranger que nous en plus.
Paulette, sentant bien que ça le faisait moyen pour les présentation, a trompeté : « Je vais vous faire voir l’avion !! » pendant que nous on faisait discrètement signe que non c’était pas une bonne idée.
Et Hop, tout le monde s’est véhiculé illico vers le hangar et la môme Cene, passkeu faut pas non plus perdre de vue qu’il faut vendre les billets.
L’avion leur a plu moyen, on le voyait bien aux coups d’œil teintés d’une lueur de panique, et au teint blafard que les femmes ont fièrement arboré, et la ils ont commencé a renauder, arguant que le priiiiix, que la securitééééé, tout çaaaaaa.
Mais ils se sont décidés d’un coup, je ne sais pas si c’est parce que Cene leur a dit qu’ils étaient pas obligés mais qu’il n’y aurait pas d’autre vol avant plusieurs semaines, ou bien si la venue de Lucien (poil au chien), le flic de Nokolo, leur a mis la pression, mais ils se sont tous rués sur leur portefeuille et ils on payé rubis sur l’ongle en se référant au tarif affiché.

les tarifs

Une fois les formalités administratives expédiées, ils se sont mis en rang, sagement, sans moufter, et nous ont regardé faire le plein pendant que Lucien (poil au chien) longeait nonchalamment la colonne.
Il longeait tellement bien que j’ai même cru que les passagers allaient venir nous aider pour accélérer le mouvement. Je suis de moins en moins sure qu’ils aient la conscience tranquille tous ceux là, mais bon, ils paient, pour le reste on verra plus tard.
Après une heure de pompage et de bourrage de fret et nourriture dans la soute, on a enfin laissé tout le monde monter à bord, pendant que Paulette poinçonnait les tickets avec une vieille perforeuse, et nous, on s’est assises au poste de pilotage.
Cene chialait comme une madeleine en répétant « Faites attention hein, et pi écrivez moi ! » Nous, on lui a fait remarquer que la radio c’était pas fait pour les homards, ça l’a un peu calmée.
Et puis on a mit le contact, et lancé le moteur.
On a entendu Paulette trembloter un « Armement des toboggans… Fermeture de la porte opposée » On aurait juré qu’elle avait les chocottes

Contact !!

J’ai bien vu que Juju bichait sur le siège d’à côté, et j’ai bien vu aussi la fumée mauve avec des paillettes dorées. Je me suis tournée vers ma copilote, laquelle m’a esspliqué:
« Ba, on a pas assez de rayon d’action pour faire la ligne, t’es d’accord ? Du coup, j’en ai causé au Baron, Le baron Pierre-Auguste Pétrogallon Amédé Eugène Winceslas Tiburce PINARD, qui a « un peu » bricolé le moteur. On devrait pouvoir traverser l’atlantique sans escale, avec juste un plein. »
« Si je comprends bien, on fait notre première ligne avec un moulin expérimental ? Et le parfum fraise tagada de l’échappement c’est normal ?  »
« Euh oui…. bon, en attendant faut passer entre l’arbre et le phare, et chargés comme on est….. »

Entre l’arbre et le phare…..

Vu le détournement de sujet opéré par Juju, j’ai préféré rien ajouter, j’ai poussé les gaz, mis 10 degrés sur les flaps, lâché les freins, et on a commencé a rouler. En bout de piste, on tirait à deux sur le manche, les dents serrées, et un solide chapelet de jurons entre les lèvres.
Les roulettes sont rentrées dans les flotteurs, et on a très bien entendu les branches de l’arbre frotter, et aussi le couinement de l’ensemble des passagers.
Ça nous fera un souvenir de la maison a fait Juju en montrant la branche accrochée sous le zinc.
On a fait un tour de piste pour dire au revoir, et en bas on a vu Ayiki et Cene qui faisaient coucou.
N’empêche, ça y était, on était partis !!

La suite dans le prochain épisode !!!

1 thought on “Vol 1515 pour Marignane – Part 3

  1. C’est-y pas possible quand même de vous voir partir comme ça dans l’inconnu non connu 🙁 J’ai gardé bien serré dans ma main le grand mouchoir à carreaux de Juju que je lui avais discrètement subtilisé. Je l’ai serré un peu trop fort d’ailleurs (je vous passe les détails …) mais qu’importe, mon amour est inconditionnel !
    Impossible de faire fonctionner la radio, pourtant j’ai appuyé sur tous les boutons, surtout sur le rouge, Juju avait dit appuie bien sur le rouge ! Mais que dalle.
    Alors, je vous écris depuis mon petit bureau avec les beaux stylos offerts par la Compagnie. Ché pas où vous êtes et l’inquiétude me ronge les os, mais il fait beau sur Lingua alors parfois pendant trois ou quatre secondes j’oublie que vous êtes tout là-haut dans le ciel.
    Bon bah j’va vous laisser parce que lire une lettre en pilotant ça doit pas être facile. Par contre j’ai un problème… je ne sais pas où envoyer la lettre 🙁 Si vous pouviez m’envoyer une lettre pour me donner l’adresse d’où que j’dois envoyer la mienne ce serait bien aimable. Mais surtout ne m’appelez pas sur la radio pour me donner l’adresse, parce qu’elle marche pas la radio. J’attends votre lettre avec tout plein d’impatience pas patiente, alors faites vite.
    Et puis sinon j’espère que votre avion n’est pas tombé parce que sinon vous ne recevrez jamais cette lettre que je ne peux pas envoyer. Voilà. Je vous embrasse les filles ! Soyez prudentes !

    With love from Lingua

    Cene

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