Noëljourdelan : Le combat a commencé !


Cette fois, ça y est : nous sommes en plein dans la période des fêtes de fin d’année !

Coutume moyenâgeuse et stupide s’il en est, où chacun se prépare à se la souhaiter « bonne et heureuse » en pensant : « crève donc, sale con ! » ; à ouvrir des paquets mal scotchés en pensant : « Ah, la vache : y s’est encore pas foulé s’t’année ! » ; à se pencher sur le moutard exécré en sussurrant : « regarde : le Papa Noël t’a apporté un jooooli cadeau ! » alors qu’au fond de soi bouillonne un « vivement qu’il soit grand, ce p’tit con, qu’on lui donne plus rien ! ».

Et, partout à travers le Monde -même en Angleterre, c’est pour vous dire !- s’organise le pathétique et récurent cérémonial du « Noëljourdelan » où l’on va faire rôtir la dinde -volaille stupide s’il en fut- ou trop sèche ou trop grasse et qu’on ne boufferait pas pour tout l’or du monde à une autre période de l’année ; où l’on a déjà installé « LE sapin », triste conifère d’une incommensurable verdeur imbécile, et pour lequel on a gaspillé des heures d’efforts pour réussir à le faire se tenir debout en mobilisant tous les objets lourds de la maison : 6 volumes de la grande et inutile encyclopédie Encarta qu’un habile démarcheur a réussi à vous fourguer après 4 Ricard et un crédit personnalisé sur 272 mois, la statue en bronze de l’Agriculture enlaçant l’Industrie -souvenir de la grande Exposition de 1937- les sabots d’bois de l’Arrière grand-Père et des tas de vieux journaux, le tout enfoncé dans une marmite (dont aura justement besoin pour faire cuire les marrons qui accompagnent cette saloperie de dinde !) et qu’on a entourée de papier d’aluminium ce qui est, comme vous le savez, d’une laideur à vomir !

On a alors maquillé ses maigres branchages d’un tas de cochonneries brillantes et lumineuses, de guirlandes d’un mauvais goût achevé, d’angelots en matière plastique, de bougies puantes qui coulent sur la moquette, de boules multicolores et autres horreurs indéfinissables. Et, pendant UNE semaine -oui : toute UNE looongue semaine !- cette débauche de verroterie sur un arbrisseau anémique va donner l’impression de vivre aux côtés d’une statue hellénique…

Dans les bistrots à l’heure de l’apéro, dans le métro, dans le bus, au bureau ou à l’usine même, on n’entend plus alors que des phrases du genre : « Meeeeerde ! J’ai encore oublié la cravate pour ce con de Gaston !… Putain ! et l’autre connasse de Germaine, c’est du 39 ou du 42 qu’elle fait ?… Qu’est ce que je vais bien pouvoir offrir à cet abruti de Gérard : y fume pas ! »… Hé oui, tous les ans : c’est pareil !

« Noëljourdelan » c’est comme les élections, la varicelle ou le Service Militaire : ça compte au nombre des choses qu’il faut se farcir de temps à autres parce que la nature l’a voulu ainsi ou parce que ça fait partie des mœurs, us et coutumes…
MAIS, bande de lâches : ne vous révolterez-vous donc pas ???!!!

N’aurez-vous donc pas le courage de prendre conscience que ce « Noëljourdelan » est une atteinte à votre indépendance morale, à votre dignité et à votre pensée d’Homme libre ?!

Mais… mais, peut-être êtes vous plus naïfs et inconscients que je ne pense … Peut-être que… Vous AIMEZ CA !!! Peut-être faites vous partie de ces êtres inconscients éblouis par les feux du « Noëljourdelan » tels les Allombrix Tortaes Parsiphona autour de la lampe, le soir en été…

Peut-être aussi croyez-vous, comme certains pauvres innocents que j’ai connus, que « Noëljourdelan » c’est « rigolo » !
Haaaa ! Ha oui, je sais bien, pauvres et naïves créatures corrompues par le luxe : on va vous faire cadeau de deux ou trois machins qui seront trop grands ou trop petits s’il s’agit de vêtements, pas à votre goût s’il s’agit d’objets décoratifs ou que vous posséderez déjà en triple exemplaires, MAIS : vous serez heureux !

OR : avez-vous songé à ce que tout ça vous aura coûté A VOUS ??? Avez-vous songé à ce que vous aurez dépensé POUR LES AUTRES !!!??? Avez-vous pensé à TOUT ce que vous auriez-pu vous offrir A VOUS avec tout ce que vous avez dépensé pour EUX ???!!!!

Et… et les lendemains du « Noëljourdelan », vous y avez pensé aux lendemains du « Noëljourdelan » ?
Je ne parle pas de la montagne de vaisselle sale ou cassée que personne ne vous aidera à laver ou à remplacer, des taches de vins sur les rideaux et le canapé, des frais de blanchisserie, du parquet à frotter et des cagouinses à récurer pasqu’y en a toujours deux ou trois pour gerber et pisser à côté ou coller des « virgules » sur les murs…

Mais… les aiguilles de ce foutu sapin -oui, oui : LE fameux sapin- en voilà des saletés qui se piquent et se fichent de partout, dans les tapis, la moquette, les fringues, les chaussettes : au 14 Juillet on en ramasse encore !

Et ces putains de boules de verre qui se cassent invariablement et que les invités piétinent joyeusement : en voilà des merdes que vous maudirez un sacré moment quand votre chien, votre chat ou votre moufflet va les manger -ce qui est certain- attraper la colique et caguer tout partout dans la baraque !

Et le feu ? Hein, le feu ? Y avez-vous pensé au feu, pauvres béotiens ? Parce qu’il est bien évident qu’on ne peut pas surcharger impunément un arbre pourri de résine jusqu’à la moelle de bougies allumées et de guirlandes électriques mal raccordées sans qu’un logis sur deux ne devienne un foyer et ne se mette à flamber, évanouissant en un instant des années d’efforts et de soins attentifs et constants passés à accumuler les bibelots et les meubles attachants choisis avec gout dans un décor conçu avec amour…

Ah ! Vous aurez l’air malin et bien avancés quand vous vous retrouverez à l’Asile de l’Armée du Salut, quelques maigres hardes sauvées du brasier sous le bras et votre police d’Assurances, à demi carbonisée, dans vos doigts crispés !
Combien prendrez-vous alors conscience de ce qu’est VRAIMENT ce fameux « Noëljourdelan » et combien vous le maudirez…

OUI ! Je vous l’affirme : « Noëljourdelan » est bien LE moment de l’année que l’on se doit de passer SEUL ! Isolé, calfeutré, reclus, coupé du monde et du bruit, dînant sobrement d’un hareng-pommes à l’huile-biscotte-ballon de Vichy avant d’aller se coucher à neuf heures avec des boules Kiés après avoir avalé un Temesta !

Au seuil de cette Nouvelle Année, je souhaite que vous ayez compris.

Que celles et ceux qui sont de mon avis m’écrivent et se fassent connaitre ! Que celles et ceux qui me soutiennent et se sentent prêts à lutter contre cet état de fêtes me rejoignent et se réunissent autour de moi !

Ensemble, dans une grande association fraternelle et unanime, nous trouverons le moyen de rayer à jamais de nos agendas et de nos calendriers cette période ridicule et infamante du « Noëljourdelan » !

La bataille a commencé ! Nous nous battrons jusqu’au bout, jusqu’à la Victoire !

Et, lorsque le combat enfin terminé, viendra le temps du repos, alors… Alors, dans la fièvre et l’euphorie de la Victoire : nous organiserons un grand banquet !

Là, autour d’un Chêne symbolique, décoré de rubans, de lanternes, de chandelles et de colifichets, nous ferons un bon gueuleton et nous nous offrirons des cadeaux !

Votre ami, Alain Delco,

Membre de l’Ayikadémie, Prix Nobel de Littérature et de Mathématiques, Membre de l’Institut Institutionnalisée, Professeur Agrégé et Dégagé derrière les oreilles, Vice-Président de la Société des Sociétaires Associés, Co-Gérant de l’Epicerie « Chez Méméne », Caporal-Chef de Réserve du 153ème Régiment du Génie, Titulaire du permis de Conduire.

Qui vous souhaite cependant du fond du coeur, à vous toutes et tous, un très joyeux Noël, de très belles fêtes de fin d’année et une très belle, bonne et heureuse année 2018 faite de Paix, d’Amour, de Joie et de Prospérité…

3 thoughts on “Noëljourdelan : Le combat a commencé !

  1. La fin de l’année nous amène inévitablement à faite une sorte de bilan, plus ou moins glorieux, des mois écoulés et de façon illusoire, on essaie de se persuader que le passage du 31 au 1er va nous remettre sur le droit chemin des bonnes résolutions.
    Que nenni, ça ne fonctionne jamais très longtemps, les décisions à prendre dans notre vie se font en temps voulu et ne sont pas liées au calendrier.
    De même, pourquoi attendre ce passage en fanfare pour se souhaiter tout le bonheur du monde?
    Entre une nuit somme toute très symbolique et les 364 jours restant mon choix est tout de suite fait…
    Je préfère prouver au quotidien aux personnes qui me sont chères à quel point je tiens à elles, leur transmettre amour, tendresse et joie de vivre et m’assurer de leur bonheur 🙂
    Dernier bisous 2017 à vous tous 🙂

  2. Très cher Alain,
    Vous faite preuve encore une fois, s’il en était besoin, de votre perspicacité et de votre esprit d’analyse.
    Qu’il me soit permis cependant d’apporter quelques compléments à votre article déjà fort complet.
    Il faut en effet considérer le côté gastronomique de cette coutume oh combien discutable. Il est nécessaire de mettre en évidence les foies gras, galantines, boudins blancs, ingérés lors de cette bacchanale, et copieusement humidifiés à l’aide de jus de raisin plus ou moins bien fermentés, plus ou moins pétillants, et qui conduiront l’ensemble des convives, à entamer des discussions riches en possibilités de querelles diverses et variées, faisant passer les belligérants du statut de convives à celui de … beaucoup moins « vives ».
    Mais c’est là l’issue salvatrice: les disputes, qui font que l’année prochaine, on n’invitera plus le cousin machin, dont les idées sont dérangeantes, et ainsi, d’année en année, le cheptel s’amenuisant, les célébrations coutumières se réduiront à un sms envoyé vite fait, et un repos troublé par quelques individus pris de boisson utilisant l’avertisseur sonore de leur automobile en traversant la citée à un train d’enfer, ce qui réduit la durée de leur nuisance sonore.
    Il restera aussi les jours suivants, où il faudra sacrifier au très connu  » Bonané » dont la sincérité reste sujette a caution.

    Voila mon cher Alain, mais je terminerai en m’associant à vous, pour souhaiter, du fond du cœur, une très bonne fin d’année à tous vos lecteurs.

    Boujou ma poule

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