Le Feuilleton de l’Été: Présentation des Participants: Bizounours et Grand Papy Tichat


Bizounours (Grande: Justine)

« Salut, la compagnie ! Moi, c’est Bizounours ! (Bon, je sais, comme prénom, c’est pas forcément « top »… surtout pour un « mastard » de mon gabarit. Mais bon, je suppose que c’est de l’humour…)

Je pense que les plus perspicaces d’entre-vous auront remarqué qu’il y a une légère différence entre mes 80 cm au garrot et mes 80 Kg de muscles avec le gabarit des Tichats qui courent partout en foutant le brin…

La vérité, c’est que je ne suis pas un Tichat : je suis un chien… Oui, oui : un clebs, un clébard, un cador, un cabot… un toutou, quoi ! Et mon boulot, c’est d’essayer de canaliser un peu tout ce foutoir, ce qui n’est pas une mince affaire…

Mais bon, quitte à raconter, autant raconter dans l’ordre hein, et commencer au commencement…

Au début, donc, y avait la Juju, « ma grande » comme disent les Tichats, encore que je comprenne pas bien ce que ca veut dire, mais bon, parait que c’est comme ça. (Faut dire aussi que c’est pas toujours évident de capter comme il faut leur langage…).

Donc, Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en… (Putain qu’est ce que j’raconte moi ???!!! Faut que j’arrête de trop taper la causette avec l’Abbé…),

Brrmm, brrmm, brrmm… Donc, je suis un Rottweiller, et ma famille a émigrée d’Alsace Annexée en 1871 ce qui, vous le voyez, fait une sacrée paye, et a atterri on ne sait plus trop comment dans la famille de Juju. Depuis cette date, et de génération en génération, ma famille veille sur la famille de Justine et inversement.

MA Juju, elle, elle s’est toute esbaudie devant un p’tit gamin qui chouinait au milieu de la nichée familiale (oui : j’ai pas mal de frangins et de frangines…) et elle a décidé de le garder. Et, ce petit chiot tout chétif et couinant : c’était ma pomme !

Du coup, on a vécu comme ça un bon moment : je gardais la maison quand elle était en goguette, on passait du bon temps quand elle était là, et tout le monde était content…

Aussi, grâce aux bons soins quasi maternels de Juju, et a de nombreux exercices physiques, je me suis peu à peu étoffé et musclé, au point d’atteindre ce corps d’athlète qui est le mien et qui, sans me vanter, me vaut un certain succès auprès de la gente canine…

Et, en parlant de « canine », c’est à l’aube de ma majorité (soit environs 36 mois chez vous autres « les grands ») et par un beau matin de printemps où je somno… méditais près de la fontaine, que Juju, dans son bel uniforme de Chef du LFPD*, a planté ses yeux dans les miens et m’a dit « Bon, fini de rigoler, maintenant ! Tu vas faire comme le reste de ta famille et d’la mienne : tu vas entrer dans la Police ! ».

Et, sans que j’ai eu le temps de moufter, après une rapide prestation de serment, la remise d’une belle étoile dorée à 7 branches et avoir apposé ma patoune droite au bas d’une kyrielle de documents officiels, je me retrouvais, sac au dos, devant une Juju en treillis qui, avec son air des « bons jours », me lança « Et maint’nant, ma grosse feignasse, fini de pantoufler : au boulot ! ».

Et, c’est ainsi que commencèrent mes « classes » et ma formation…

Bon, vous vous imaginez bien que ça n’a pas été une sinécure, hein : réveil à 05.00 plombes tous les jours, exercices sur exercices, et côté bectance, ben… C’était plus « comme à la maison », sauf le soir où là, Juju redevenait toute gentille et câline… Mais bon, ça reste quand même de bons souvenirs, notamment lorsque j’ai fait la connaissance de Quenottes, mon collègue responsable de l’Unité Maritime et Fluviale… Un super pote, Quenottes, et un sacré philosophe-humaniste, mais j’aurais sûrement l’occaz’ de vous reparler de lui…

Puis il y a eu évolution, changement, modification des paramètres comme ils disent maintenant (parait qu’il faut utiliser des mots savants comme ça : on n’a plus le droit de parler comme on pense, c’est pas  »politiquement correct » qu’y disent…), et la modification ca a été d’abord l’arrivée d’une autre « grande » une certaine  »Lem » (Paraîtrait que ca veut dire « Module d’Exploration Lunaire »… Mais, bon… Ceci dit, elle a autant l’air d’un Module Lunaire que moi d’une clef a molette ou d’un piano à queue, hein…) ; et qui venait prendre les fonctions hautement respectables de :  »Procureur du District de Lingua Franca » (C’est là où qu’on crèche Juju et moi -ha, ben Lem aussi, du coup, tiens…-, pour les ceusses qu’auraient du mal à suivre…)

Bon, déjà ça a commencé fort pask que, quand je l’ai vue, la fameuse   »Lem » : je la connaissais pas, hein… Alors, forcément, je me suis mis à gueuler ; et comme elle avançait toujours : j’ai laissé tomber les coups de semonce pour passer direct aux châtiments corporels ! (Mais soft, hein… genre : un coup de canine par-ci, un coup d’incisive par-là… Mais : JAMAIS les molaires, hein ! Tout dans l’feutré, vous voyez..)

Et là, je me suis fait engueuler, mais alors en-gueu-ler ! Sous prétexte que j’ai pas le droit de la bouffer, ni même de lui gueuler dessus !!! Si, si, si, j’vous assure !!!

Du coup : je sers à quoi MOI, alors, hein ?!

Bon, d’accord : après Juju m’a expliqué que Lem faisait partie de « La Maison », et que  »Lem », en fait, c’est un diminutif pour  »Lemon »… Mais j’pense que c’est des conneries passkeu, de Une : elle est pas jaune et, de Deuz : elle ressemble autant à une rondelle de citron dans une tasse de Earl Grey, que moi à une coccinelle (atttassion, hein : c’est MES copines, les cinelles !!! Namého, pis quoi encore ! …) sur une saucisse de Francfort…

Bref, tout ça s’est gentiment tassé et on a repris le cours de la vie en apprenant à se connaître et à devenir potes -et des SUPER potes, en plus !-.

Seulement voila, si l’arrivée de Lem était une surprise, les surprises : on n’en était pas au bout… A peine aux prémices…

Ainsi, un beau jour où je procédais à une surveillance méticuleuse, régulière et attentive de la fluctuation et de la mouvance des eaux de la rivière à la demande de mon collègue Quenottes (en clair : je bullais au soleil sur l’ponton…), j’ai vu ma Juju revenir de la grange (oui : on habite dans une ferme, ça vous dérange ?) avec un drôle de truc dans les mains.

Et elle était pô contente ma Juju, mais alors : pô contente DU TOUT ! On aurait dit qu’elle avait fait de la mécanique toute la Sainte Journée (Ce qu’elle fait aussi en dehors de ses heures de Service, notez bien) pask elle était pleine de cambouis ! (Surtout, et en particulier, tout partout sur son tout beau T-Shirt tout neuf d’un blanc tout immaculé -cadeau de Lem pour son annif’- de chez Lacauste & DeBoeuf!)…

Du coup elle râlait, mais elle râlait (en réalité : elle gueulait… Mais elle gueulait TRÈS fort !)… Bon, comme elle passe pas mal de temps à ça quand même : j’ai laissé filer et j’ai attendu la suite (pask faut vous dire aussi que, autant elle peut être câline, autant elle peut avoir la main leste, si vous voyez s’que j’veux dire… Bon, chais bien qu’chuis taillé pour encaisser, mais kamême, hein…).

Et, tout en continuant de brailler des gros mots que même que j’en connaissais pas le quart de la moitié (pourtant, j’vous rappelle que nos familles c’est : « à la vie : à la mort ! » depuis 1871 kamême, hein…) Juju a foncé dans la buanderie en tenant à bout de bras, et d’un air plus que dégoûté, une espèce de machin qui tenait du croisement entre un balai à chiotte et un  »hérisson » de ramoneur…

C’est de cette même buanderie que, au milieu d’une véritable avalanche de bulles mousseuses de  »Persavon » et de  »Acrédediéderongtudjuuuu ! » (Nan : c’est PAS une marque de lessive, ca !  »Persavon », par contre : oui!) que j’ai vu ressortir aussi sec une espèce de tornade pleine de poils tout hérissés et qui sentait (puait ?) la Lavande à deux kilomètres !

De là : ni une ni deux que j’ai même pas eu le temps de dire « ouf », et la  »tornade » en question était sur mon dos en train de ronronner et de me faire des câlins…

Ha bah j’avais pas l’air cloche, tiens, j’vous jure : UN Chat ! Un putain de tit bout de chat ! Un Tichat !!!

J’ai même pas eu le temps d’le bouffer, ni même d’essayer : j’me suis fait avoir ! Et en beauté : j’ai fondu, forcément, vous auriez fait quoi à ma place ? (Bande de mécréants et d’hypocrites, comme dirait l’Abbé).

J’ai fondu, bon, d’accord… Mais j’ai quand-même senti les emmerdes arriver à vitesse « grand V » comme un vol d’étourneaux sur une plantation de cerisiers !

Et là, je dois dire que j’ai pas été déçu, mais alors pas déçu DU TOUT !…

Ça n’a d’ailleurs pas traîné, les emmerdes, ça a commencé dès le lendemain quand l’autre grande saucisse est arrivée avec le même modèle dans ses bras : un autre Tichat, mais pas de la même couleur…

Bien entendu, les deux grandes ont rigolé comme des bécasses et elles ont tenu à mettre face à face les deux boules de poils.

Et, ça a sûrement été la première erreur parce que, moi, je m’attendais à une bagarre, quelques insultes, des trucs rigolos quoi… Mais nan, rien, niet, nada, que dalle : ils se sont regardés, se sont présentés et ils ont commencé à causer de choses et d’autres, jusqu’au moment ou un des deux, je sais plus trop lequel, a dit « mécanique » ! Et c’est là que ca a vraiment commencé à merder : ils ont rigolé comme des bossus en se tenant le bide et en se roulant par terre, recausé encore et, à un moment : « pof ! », ils étaient plus là !

On les a cherchés partout pendant des plombes, et on a fini par les retrouver sous le capot de la bagnole de Juju !

(Ouais, bah à mon avis, elle est pas prête de remarcher la bagnole… Et ils vont coûter cher en savon, les deux rapides !).

Alors, que je vous dise aussi, les deux lascars là, y zont des blazes comme nous tous, vous vous en doutez : celui de Juju s’appelle Justin Cassoulet (ce qui est assez marrant quand on sait que Juju s’appelle Justine) et celui de Lem s’appelle Calvados Lendive… Et, quand un natif du pays de l’Armagnac rencontre un natif de celui du Calva : y s’passe quoi à votre avis, mmm ? Ben, ils goûtent et comparent les produits de leurs patelins respectifs !

Bref, ça a continué comme ça pendant un bon moment : les deux artistes enchaînant connerie sur connerie !

Et moi, j’étais chargé de les en empêcher… Mais, j’avais beau gueuler, c’est comme si je pissais dans une contrebasse (avec le bruit rigolo en moins, cependant) : ils n’en faisaient qu’à leur tête !

Mais bon, après avoir rendu tout le monde bien maboul, ils venaient me voir, tout gentils, et moi, bien sûr, ca me faisait craquer.

Et puis un soir de barbecue près de la rivière, ces deux illuminés se sont mis a causer sérieusement, et même pas technique, et sans faire de connerie, et sans rigoler ! J’en avais presque les jetons tellement c’était pas normal st’affaire… Alors, j’ai écouté discrètement, et ça causait expédition, préparatifs, voitures….. J’ai prétexté d’aller voir où en était la cuisson des merguez, et je suis allé voir Juju et Lem, toujours discrètement, pour leur dire que, à mon humble avis, il y avait une ÉNORME connerie dans l’air…

Bon, j’avoue que je ne me sentais pas trop fier de moi, je me sentais kamême un peu mouchard sur ce coup là… Mais j’avais tellement peur qu’ils fassent LA connerie de trop et surtout que ca soit dangereux, que j’avais vraiment pas le choix…

Seulement, j’avais pas vu venir la suite : j’avais à peine terminé, et les grandes étaient même pas encore parties pour aller voir ce qui se passait de plus près, que les deux incorrigibles arrivaient en gesticulant et braillant « On a un truc GE-NI-AL à vous proposer ! Yééééhhhhaaaaaa ! ».

Là, on s’est regardés, Lem, Juju et moi, avec des zeuilles comme des assiettes à soupe et on a commencé à paniquer un peu, parce que en fait de connerie, pour qu’on soit prévenus à l’avance, comme ça, ça augurait forcément un truc monumental !

L’idée générale des deux rastaquouères, c’était de rejouer carrément la mondialement célèbre « Croisière Jaune Citroën », mais entre Concarneau et Lamotte-Beuvron, et avec des voitures répliques 100% de celles de l’époque et, donc : en conditions réelles !

J’ai attendu la réaction des grandes en me préparant acoustiquement au mieux pour la gueulante monumentale qui allait s’en suivre…

Et, là j’ai été scié : elles ont dit « Oh putain ! Mais c’est génial ! On est avec vous à 10.000 % !!! »

Moi, par contre, j’ai eu une irrépressible envie de pleurer, comme la fois où j’ai approché ma truffe de la bassine d’oignons émincés que Juju destinait à la fabrication du pâté de campagne…

Depuis, c’est le branle-bas de combat permanent et un merdier sans nom ! Et si c’était que ça, mais en plus il en arrive tous les jours des Tichats qui vont participer à la fameuse Expédition, et ils arrivent des quatre coins du Pays !

Quand, le lendemain, j’ai raconté ça à mon Pote Quenottes : il était scotché ! Il a hoché la tête avec un air dubitatif, avant de laisser tomber, sentencieux « Bah, avoue que c’est pas mal du tout leur truc, aux mômes, là… Bon, d’un autre côté, ça vaut pas 20.000 Lieues sous les mers, d’accord, mais kaméme… ».

J’ai juste eu la force de lui répondre : « Ouais, bah va pas leur dire ça hein, pask ils sont foutus de le mettre sur pied juste après ! »… Ce à quoi il a répliqué avec un clin d’œil : « bah, tant qu’ils décident pas d’aller sur la Lune… »…

C’est à ce moment-là que je me suis souvenu des plans de fusée, de sous-marin et de scaphandre qui traînaient sur le bureau… Mais j’ai préféré rien dire…

Du coup, quand je suis retourné à la maison à l’heure de l’apéro, on a causé en détail de tout ça avec Lem et Juju, et on s’est mis d’accord : parce que, même si l’idée des Tichats est bonne, ok, qu’ils sont « couillus », toujours ok, quand ils vont partir, je vais quand même les suivre discrétoss pour veiller au grain… Parce que, deux Tichats à moitié fondus : on a déjà un peu de mal a canaliser, mais 14, vous imaginez ?

Sans compter que, la douzaine de nouveaux, c’est du copieux aussi, croyez-moi ! Enfin, j’dis ça, mais vous allez TRES vite vous en rendre compte par vous-même…

LFPD* : Linga Franca Police Department / Sûreté Nationale de Lingua Franca

Grand Papy Tichat (Grand: Alain Delco)
Alain Delco

De son patronyme complet : Eusèbius-Théophraste-Yodanamus-Evariste Epéril, né à Champignol-Dit-Gestive (Bourbonnais).

Personne ne connait avec certitude, pas même le docte Alain Delco, la date de naissance de Eusébius (Zézèbe pour les vraiment très intimes). Ce dont on est sûrs, c’est qu’elle se situe très probablement entre « c’était pas hier » et « houlalalala : ya un sacré moment »…

Il passe la plupart de sa tendre enfance et une partie de sa jeunesse, un peu plus tumultueuse, dans le cloître des Bénédictins de Champignol-Dit-Gestive (Château du XII/XIV ***[on ne visite pas / Trespassers will be shoot -et pas qu’au 12 !-]), et c’est de la que lui vient son amour inconditionnel pour la Bénédictine, qui était alors envoyée directement de Fécamp par Malle-Poste, les Services Postaux de l’époque faisant preuve d’une remarquable promptitude qui faisait dire : « Le Postillon fait diligence ! ».

C’est également au cœur même de ce vieux Cloître, que naît son goût immodéré pour le calme et les bibliothèques bien fournies.

Paradoxalement, ce n’est pas, au départ, l’amour des livres et des belles lettres qui lui fait fréquenter la bibliothèque du cloître, mais bien le devoir. Il est en effet en charge, contre bonne pitance et bons soins, de chasser impitoyablement la gente souricière qui sévit et y ronge les livres sans vergogne !

Son caractère naturellement bienveillant et empathique, et son manque total de goût pour le moindre effort physique, le conduisent à sceller un pacte avec les susdits rongeurs : ils cessent leurs dégradations contre un accès autant privilégié que discret au grenier et lui, en échange, cesse de les pourchasser !

Tout le monde y trouvant son compte, s’instaure alors, outre une formidable et complice amitié, une douce quiétude conduisant Eusébius, enfin plongé dans le calme et la paix de l’esprit, à ouvrir un livre dont la couverture en cuir rouge damasquinée d’or attirait depuis longtemps sa curiosité…

Le hasard, toujours prompt aux facéties, voulut que ce livre soit un traité des inventions de Léonard de Vinci… (Génie des génies, précurseur des précurseurs, le Grand Léonard, toujours visionnaire, fut également le rédacteur du premier Manuel de Conduite Routière : le célèbre Da Vinci Code…).

Eusébius fut littéralement captivé par ces dessins, essayant de les comprendre, essayant d’appréhender la finalité de ces rouages, ces cordes et ces ellipses, mais hélas, faute d’un bagage technique suffisant, tout cela restait parfaitement hermétique !

C’est alors qu’il eu l’idée demander au Moine-Bibliothécaire, un gros chauve débonnaire qui était réputé pour sa patience, sa gentillesse et sa bonhomie, mais aussi et surtout pour sa culture abyssale, et que ses frères surnommaient avec humour « Frère Tuck » sans qu’Eusébius, au départ, ne sache vraiment pourquoi…

Ce brave vieux moine, tellement heureux de pouvoir partager et transmettre ses connaissances avec quelqu’un, ne se fit pas prier (ce qui, notons-le, est tout de même assez cocasse pour un moine, mais bref…), à condition toutefois que cet enseignement fut en dehors des heures d’office.

C’est ainsi que, tous les jours, un dialogue s’instaura entre Eusébius et Frère Abras, le premier posant ses questions, et le second, sa chope de Bénédictine à la main, y répondant en développant ses réponses pour abreuver la soif de connaissances de son élève (et la sienne par la même occasion).

Frère Abras (jeune)

Et, de discussions en livres et de livres en grimoires, Eusébius aborda peu à peu tous les aspects des Arts et des Sciences. Il devint un érudit, et que ce soit en théologie, philosophie, physique, chimie, mécanique, mathématiques, sciences naturelles : Il excellait dans tous les domaines, à la plus grande fierté de son précepteur (et non de son percepteur : l’Abbaye étant exemptée de taxes et d’impôts…).

Il faut aussi préciser, et cela est d’une grande importance, que Frère Abras, Professeur Émérite de l’Université, était habilité, à ce titre, à délivrer Brevets et Diplômes : Eusébius les obtint tous !

La vie d’Eusébius prit alors une vitesse de croisière, rythmée par ses différentes lectures, mais également, une pièce du monastère s’étant libérée, par diverses expérimentations dans son tout nouveau laboratoire, où nul n’était autorisé à entrer sauf, bien sûr, Frère Abras qui en avait même la clef.

C’est donc en collaboration plus qu’étroite, que les deux amis inventèrent un jour une machine capable de relier la bibliothèque du Monastère à un récepteur mobile, et que les Tichats de l’Expédition Citronelle utiliseront plus tard, et qui valut le Prix Trinitrotoluène (L’équivalent du Nobel pour les Tichats) à Eusébius, Frère Abras l’ayant refusé pas modestie et humilité Chrétienne bien que son nom soit cité à la demande impérieuse d’Eusébius…

C’est lors de la cérémonie de remise de ce prix prestigieux, que Frère Abras présenta à Eusébius son vieil ami Alain Delco, de passage entre deux voyages de recherches, et qui était le « Maître de Cérémonie » de cette mémorable soirée, réunissant tout le gotha scientifique des Tichats du Monde entier, dont l’Abbé Pierre Latreille de Tichardin, pour une fois vêtu d’un sobre costume noir avec col romain et non en saharienne de « baroudeur » (il avait kaméme gardé ses pataugas, mais bon, hein…).

S’en suivit une de ces conversations à bâton rompu que seuls les passionnés connaissent et peuvent comprendre, et de laquelle découla une amitié franche et sincère entre les quatre scientifiques autour de verres bien remplis et d’une table bien garnie …

Aussi, lorsque l’Abbé parla de l’Expédition en projet, c’est tout naturellement qu’Eusébius proposa son aide et ses compétences, notamment grâce à son invention qui permettra de résoudre certains problèmes pouvant survenir tout au long du voyage, et sans pour autant qu’Eusébius ait à sortir de sa chère bibliothèque.