
Le Feuilleton de l’Été: Présentation des Participants -3-

Aîné d’une fratrie de 7 adorables chatons, il est cependant un enfant caractériel et capricieux, égocentrique, pédant et très imbu de lui-même. Intimement convaincu de sa supériorité du fait de son aînesse, il décide que c’est LUI qui doit décider de TOUT et entend régir les faits et gestes de toute la famille, à grand renfort d’ordres très souvent contradictoires et tombant le plus souvent dans l’oubli et l’indifférence générale…
Ainsi, lorsqu’il décide que l’accès au repas doit se faire en file indienne et par ordre alphabétique, c’en est trop ! Et ses frères et sœurs boulottent allègrement sa part avant de lui tomber dessus à patte raccourcie pour lui coller une tannée d’anthologie !
Fonçant en chouinant se réfugier dans le giron de sa maman en dénonçant, sans le moindre état d’âme, l’ensemble de sa fratrie, il reçoit alors une seconde mémorable raclée de la part sa mère, au prétexte qu’elle a « horreur des cafteurs », noble sentiment également partagé par son papa qui le lui fera savoir de façon frappante…
Doué pour les études, il se montre un élève brillant mais totalement incapable de travailler en équipe ou de s’exprimer autrement qu’en référant tout à sa personne, son naturel chafouin et introverti annihilant toute forme de partage des connaissances.
Il n’hésite d’ailleurs pas à développer des trésors d’ingéniosité pour s’attirer les bonnes grâces de ses professeurs et ce, s’il le faut, au détriment de ses petits camarades, ce qui fera s’exclamer au Préfet des Études du Lycée Bernard Michel : « J’ai déjà vu des faux-culs, mais vous êtes une synthèse ! ». Bref, s’il est un excellent élève, il y est un domaine ou il excelle d’autant plus : le fayotage à outrance !
Son attitude est d’autant plus consternante pour son entourage que, les rares fois où il laisse parler sa véritable nature (notamment après que, facétieusement, Calvados et Justin lui aient fait fumer de l’herbe à Tichats et l’aient mis au défi de déterminer les mérites respectifs de l’Armagnac et du Calva) il s’avère être un joyeux compagnon prompt au jeu de mots ou à la blague potache, et ce jusqu’à ce que son élocution s’empâte au point de ne plus comprendre lui-même ce qu’il déblatère (Ceci dit et selon certains : il n’a pas besoin d’être bourré pour ça, mais, bref…).
Plus qu’exaspérée par ce problème comportemental, Aline, sa grande, décide alors de le mettre en « colonie de vacances » au sein d’un groupe de »durs à cuire » qui sauront tirer le meilleur de lui tout en lui montrant fermement ses erreurs sur le monde et les gens : « Tu vas voir ce que c’est que d’être un chef ! D’avoir toutes les emmerdes qui te tombent dessus et de porter le chapeau à chaque fois (en parlant de chapeau, enlève donc ce haut-de-forme : t’es ridicule !), et d’enfin prendre de vraies responsabilités ! Et, tout ça au milieu d’une bande de pirates qui t’feront pas de cadeaux ! C’est pas leur genre ! »…
C’est ainsi qu’Aline prit contact avec Juju et Lem, ses potines, et qu’elle leur refila le petit monstre à des fins pédagogiques et que Jules-Edouard se retrouva bombardé Chef de l’Expédition Citronelle !
Et, bien que subit à son corps défendant, il ne regrettera JAMAIS cette expérience et cette grande et belle aventure qui changera sa vie pour toujours…

Né dans un coin sauvage de l’Île de Beauté, il grandit émerveillé par les senteurs du maquis, des étables, des cochons sauvages, et des vignes entourant le fier village planté à flanc de coteaux qui le voit naître.
Véritable « ventre à pattes » jamais rassasié selon ses parents, sa faim perpétuelle le pousse à s’aventurer un peu plus loin, chaque jour, au milieu des rayonnages de l’Épicerie de la belle Parlomba Cafféolli où il grandit, rapinant discrètement de-ci de-là, et découvrant ainsi rapidement la différence entre un lait de chèvre, un lait de brebis ou un lait de vache…
C’est en accompagnant la fringante et jolie Parlomba dans sa camionnette bleu azur, comme le ciel de Corse, au marché de l’Île Rousse, qu’il rencontre d’autres Tichats plus ou moins vindicatifs qui, sous le fallacieux prétexte de la préservation du territoire, l’initient au rite de la « châtaigne », sous forme de bagarre générale entre les pieds des étalages et les guibolles des badauds…
Mais, c’est aussi là qu’il découvre d’autres variétés de châtaignes. L’une noire, au puissant parfum iodé sentant bon la mer et l’autre, verte, sentant bon la forêt d’automne et toute aussi piquante que la première.
C’est également là qu’il rencontre une des énigmes les plus ardues pour lui : montés sur des tréteaux au milieu de la Place du Marché, il voit des grands qui crient en se bouchant une oreille et il en déduit immédiatement que, s’ils ne se bouchaient pas l’oreille, ces couillons-là, ils n’auraient pas besoin de crier aussi fort, ni aussi longtemps (pask c’est kamême plus qu’agaçant, à la fin!)…
Les acclamations et les applaudissements répétitifs de la foule lui font alors déduire que, ces grands qui braillent, doivent sûrement réussir l’incommensurable exploit de pouvoir se tenir debout sur les deux sortes de châtaignes qu’il connait, suscitant ainsi l’admiration et les vivats des chalands tout esbaudis ! (Tout esbaudis, certes, mais très cons quand même ! Bref…).
Mais, au milieu des étals des charcuteries odorantes, des fromages puissants et des langoustes au regard étonné, son palais s’affine peu à peu et, au fil de ses expériences, il devient un Expert-Laitier reconnu dont les avis font autorité et auquel chacun demande systématiquement conseil quant à l’alimentation ou le pâturage du troupeau.
Baskets aux papattes et bob vissé sur la tête, fièrement campé sur le siège passager de la camionnette de la belle Parlomba, il parcourt, de marché en marché, l’Île de Beauté du Nord au Sud et d’Est en Ouest, jusqu’à ce soir magique où, faisant halte à la célèbre Auberge « Chez Figatelli & Fils, depuis 1804 », il rencontre Ania, la meilleure amie de Parlomba, accompagnée de Henry Zotto…
Ania, fidèle à ses habitudes quotidiennes et pilier de l’établissement, dansait sur une des tables dans une tenue et un état que nous ne pouvons décrire ici, de peur d’avoir de graves ennuis avec la Censure… (bah elle était au trois-quart à poil et défoncée comme un terrain de manœuvre, comme d’hab’…) (hein ? mais nan j’l’ai pas dit).
Parlomba et Ania se tombèrent immédiatement dans les bras avec force embrassades et …(Censuré – Visa N° 14321).
Ces retrouvailles furent donc plus que chaleureuses et, comme chacun sait, la chaleur : ça donne soif ! Très soif, même, et lesdites retrouvailles furent donc très arrosées !
Pendant ce temps là, Adrien et Henry firent connaissance et, leurs spécialités respectives étant très proches -au liquide près- : le courant passa immédiatement !
A force de parler, la soif les saisie à leur tour et, Figatelli ne vendant pas de lait, Adrien, sur les conseils avisés d’Henry, fût obligé de se rabattre sur le vin, découvrant ainsi, dans la même soirée, le goût de la treille et… sa première cuite !
Henry expliqua alors à Adrien le projet « Citronelle » et lui proposa de l’intégrer. Proposition qu’Adrien accepta avec enthousiasme, à la condition : « Qu’on en r’cause demain ; passkeu là ça tourne un tit peu pis j’ai un pic-vert dans l’crâne…(hipch) »…
Lorsque, le lendemain, Parlomba apprit par le menu le projet d’expédition scientifique et la proposition d’Henry, elle laissa Adrien en pension chez Ania et s’en retourna chez elle après d’émouvants « au revoir » et force recommandations (« mais sans parler trop fort seuteuplé, pask ça fait mal à la tête ! ») telles que « Surtout tu m’écris tous les jours, hein ! Et puis n’oublie pas tes gouttes pour les yeux ! Pis faudra prévoir un cache-nez et des moufles ! Ha, et dans ta valise je t’ai mis de la quinine, c’est toujours utile… » etc…
Dès lors, Adrien consacre donc, sous la férule et la grande expérience d’Henry, les mois suivants à l’étude de ce nouveau breuvage qu’est pour lui le vin ; étude qu’il mène avec le même zèle et le même soin que la première, devenant ainsi capable de donner avec précision l’origine d’un vin rien qu’à l’haleine de son interlocuteur, tâche qui, selon les individus, peu s’avérer particulièrement difficile…
C’est donc en qualité d’Expert ès Boissons qu’il intègre l’Expédition, travaillant de concert avec Henry, mais également comme Chargé de l’Étude des Breuvages des peuplades autochtones rencontrées.

Dire qu’Amédée fut un chaton turbulent, cyclothymique ou hyperactif (c’est très à la mode) serait plus qu’une contre-vérité. Il était, bien au contraire, une boule de poils ronronnante qui, en dehors des câlins à répétition, ne pensait qu’à dormir bien lové contre le stock de boîtes de thon et de pâtées de la maison, le cucul bien au chaud sur un moelleux sac de croquettes, pure stratégie élémentaire (ou alimentaire) au cas ou des voleurs de goûter surviendraient…*
Bien que toujours à la recherche d’une gentille farce ou d’une plaisanterie appropriée aux circonstances, il n’en a pas moins une force de caractère et une ingéniosité hors du commun.
Et, c’est ainsi qu’un soir où sa grande était plus que retardée par un énième et désopilant dysfonctionnement de son fier destrier (sa chère trottinette électrique qu’elle surnomme affectueusement « saloperie de merde de bordel à cul de chignole électrique de mes fesses de con d’sa race »), se sentant envahi par une faim dévorante, il attrape une boite de pâtée mais se retrouve fort marri quand arrive le fatidique moment de l’ouverture de ladite boîte, celle-ci étant dépourvu de la moindre languette idoine et prévue pour ce faire !
Aidé de ses longues et patientes observations de sa grande, il sait, il en est certain, qu’il a besoin d’un ouvre-boîte !
Seulement, voilà : le précieux ouvre-boite, ce trésor tant convoité pour rassasier sa faim dévorante (« mais à quelle heure qu’elle va encore rentrer, l’autre, pppfffff… ») et faire cesser les « grrrrlll gargllll grllllooo » de son pauvre estomac, se trouve dans le tiroir tout là-haut : le 4ème tiroir en partant du bas du meuble de cuisine !
Mais : comment y accéder ???
Alors qu’il tourne et retourne ce problème insondable dans sa tête, la solution lui apparaît enfin : il suffit d’inverser les données ! Ainsi, en escaladant le meuble, le 4ème tiroir en partant du bas deviendra le premier tiroir en partant du haut, et donc plus qu’aisément accessible, Cqfd !
Aussitôt dit : aussitôt fait et, après une ascension plus que relativement facile du plan de travail (Un saut sur la chaise, puis de la chaise sur la table et enfin de la table sur le plan de travail), s’aidant de toutes ses papattes, il s’arque-boute sur la poignée, parvient à ouvrir le fameux tiroir et accéder enfin à l’objet tant convoité, illustrant par là même le vieil adage : « A Tichat vaillant : rien d’impossible ! ». (Adage qui fera dire, plus tard, à l’Empereur Napoléon Tichanaparte : « Impossible ? Pas Tichat ! »).
Mais alors qu’il contemple, avec un sourire béat et une faim gargantuesque, l’ouvre-boîte rutilant des mille feux de son inox, le coté absurde de sa situation lui saute à la truffe : il a une boite, certes, et un ouvre-boite, certes aussi, et, en théorie, il sait comment utiliser ces deux objets… Seulement, il se rend très vite compte que, malgré une volonté sans faille et toujours aidé de ses longues et patientes observations de sa grande, ses capacité physiques, en dépit de sa souplesse naturelle et de ses 4 agiles papattes, ne lui permettent pas d’utiliser cet ensemble pourtant parfait pour accéder à la précieuse nourriture tant désirée.
Son moral en prend alors un très sérieux un coup et son estomac proteste avec véhémence… Il sent l’anémie et l’hypoglycémie l’envahir telles les armées allemandes fondant sur la Pologne… Des étoiles dansent devant ses yeux, sa vue se brouille, et il commence à sombrer dans une torpeur qui lui semble fatale quand…
…Le bruit de la clef salvatrice dans la serrure de la porte d’entrée vient le fouetter d’une énergie revigorante et décuple ses forces : Aline est là !!!
Les genoux écorchés et les coudes râpés, mais elle est LA !!! Et elle va pouvoir ouvrir la boite ! Il se précipite vers elle, serrant l’ouvre boite dans ses papattes, et ne profère qu’un seul mot : « FAIM !!! ».
Ce à quoi Aline, de fort vilaine humeur (et on la comprend aisément, la pauvre) rétorque : « Bah, pourquoi qu’tu t’embêtes avec un ouvre-boite alors qu’il y a une boite déjà ouverte dans le frigo ? En plus cet ouvre-boîte là, il est cassé : faut que j’en rachète un autre… ».
La bouche d’Amédée se met à trembler et des larmes se forment au coin de ses grands yeux : c’en est trop !
Et trop c’est trop (ainsi que le chantait « Téléphone ») : on ne l’y prendra plus et il deviendra un expert dans l’ouverture de tout ce qui est stupidement fermé !
RIEN ne lui résistera, il saura TOUT ouvrir : de la boite de sardine au coffre fort, de la porte de placard au bunker le plus hermétique ! En un mot, il sera Ouvreboitier ! Mais, un Ouvreboitier d’exception, une référence : un Maître ès Qualité !