
Epilogue

Nous vous faisons bien volontiers grâce des péripéties aussi riches que variées qui illustrèrent la jonction entre le pré et la Montgolfière, ainsi que celles inhérentes à l’entrée dans Lamotte (dit comme ça, ça a un côté un peu bizarre, non ?). Mais, bref…
il suffit de savoir que le chemin, s’il n’a pas été de tout repos, n’a rien eu de commun avec les épisodes précédents. On a bien entendu quelques vociférations venant de la remorque-litière, mais personne ne pouvait prévoir que le chef serait dedans au moment précis du r’démarrage, même que d’toute façon, c’est sa faute, paskeu on a assez hurlé pour signaler l’départ, namého et pis quoi encore !
Il y a eu aussi Philistère qui tentait de rattraper le convoi à cloche pied en beuglant « Attadez moi, j’ai pô mis mes saussures », ce qui a provoqué l’hilarité de ses camarades et généré un gag récurent dont ce pauvre Tichat n’est pas débarrassé, loin s’en faut…
Ah ! Oui ! Aussi ! Il y a eu «l ‘Avion »… En fait, tout ceci fût le fruit d’un malheureux concours de circonstances :
L’édile de Lamotte, en bon gestionnaire de sa commune, s’est dit que puisque célébration en l’honneur de l’expédition il y avait, autant faire coïncider avec un événement majeur de la vie du bourg, j’ai nommé la fête du boudin, de réputation sinon mondiale, au moins régionale.
Et de contacter le responsable de la communication, lequel a décidé de faire les choses en grand, donc avion, banderole et message publicitaire.
Tout ceci ne serait que du domaine de la fête communale, si ledit avion n’avait pas, par le plus grand des hasards, survolé l’expédition, et ce, au moment précis ou l’abbé avait la tête en l’air.
Bon, bien sûr, la toute première chose qu’il a vue, c’est « Boudin purée », et la seconde, c’est « Dégustation ». Du coup, aussi sec, il s’est retrouvé avec une semelle de plomb greffée sous le pied droit , et il a poussé ce pauvre P17 à des vitesses non mentionnées dans le cahier des charges (il a même réussi à décoller sur un dos d’âne !!) et en doublant tout le monde en plus !
Ceux qui ont un peu moins admiré l’exploit, c’est Justin (Si ileu meu pèteu la ouatureu, je lui démonteu la calandreu, moi) et Calvados, les deux mécaniciens de l’expédition.
Par contre le bon côté des choses, c’est que même si le tracé de la route par les deux aéronautes était approximatif, l’Abbé, lui, il l’a trouvée la route, au flair !
Toujours est-il que, tant bien que mal, mais plutôt bien dans l’ensemble, l’expédition Citronelle est arrivée à bon port.
Il y a eu les embrassades, un accueil chaleureux, il y a eu les grandes qui prétendaient ne pas avoir envie du tout de retrouver les Tichats, mais qui, en douce, leur faisait un câlin, et ne pouvaient pas s’empêcher de sourire bêtement, Il y a eu le discours du chef, qui s’est empêtré dans des périphrases et des métaphores toutes plus inappropriées les unes que les autres, et aboutissant à une « panne » totalement fortuite de la sono (heureusement qu’il n’a pas vu Justin et Calvados sortir de derrière l’estrade avec un tournevis à la main)
On a frôlé l’incident diplomatique aussi, quand le maire a chipé le dernier boudin noir juste sous le nez de l’Abbé qui manœuvrait depuis une dizaine de minutes pour se l’approprier discrètement. Heureusement, un beau plat tout neuf et garni est arrivé des cuisines à ce moment-là.
La soirée s’est déroulée (presque) sans bagarre, avec juste quelques farces bien innocentes, et deux ou trois coupures électriques dues à de très légères expérimentations spontanées, mais globalement, le calme régnait quand tout le monde est allé dormir un peu avant de rentrer à Lingua Franca.
Dans l’avion, sur le chemin du retour, les Tichats étaient rêveurs, repensant à toutes ces aventures, avec parfois un léger sourire aux lèvres, un regard furtif vers un autre Tichat.
Il régnait donc une ambiance teintée de spleen, et un grand calme, quand un des Tichats a lancé : « Dites les gars, vous connaissez la légende du trésor de Viracotichat ? »
Tout le monde s’est réveillé instantanément, et tout le monde s’est mis à parler, et dans le cockpit, on a vu les deux grandes baisser la tête et on a juste entendu « oh, putain ! »

