
C’est les sooooldes
HEIN ????? AHAHOUHAMAFAIKOIVAVEKI ??????? FOUTEZ DMAGL ?????
Le mec en face de moi, le visage couleur beaujolais nouveau, et qui hurle à s’en faire péter les veines, c’est une gradé de la CRS 62, celle qui est basée sur Lingua pour les vacances… enfin, pas les leurs de vacances, passkeu les consignes sont formelles : apporter leur aide et leur soutien à la population Lingua Francienne.
Du coup, moi, j’en ai profité, j’ai revêtu mon petit ensemble militaire, histoire que ce monsieur ne soit pas trop effarouché, et je me suis pointée dans le bureau du susdit.

Bon, Juju me dit souvent que ma tenue de campagne fait davantage Che Guevarette que militaire sérieuse, possible. C’est peut être pour ça qu’il m’a regardée avec les yeux du loup de Tex Avery, vous savez, ceux qui rebondissent sur le bureau…
Un truc qui n’a sûrement pas non plus arrangé les choses c’est que je l’appelle « Monsieur l’agent », j’ai bien vu que ça le contrariait une peu, mais il n’a rien dit tout de suite, il regardait toujours mes jambes et ma jupette. C’est quand il a réussi à lever la tête que ça a fait tilt, et il a commencé à changer de couleur. Il a fait : « COMMENT ?? » avec sa grosse voix, et du coup il a gagné deux nuances de rouge sur le Pantone, puis de vermillon il est passé à un joli rose marbré puis à un crème qui s’accordait très bien avec le bleu de son uniforme. Un peu de vapeur est sorti de ses oreilles, enfin, c’est ce que j’ai cru voir, et il a ouvert la bouche, certainement pour me souhaiter la bienvenue.
Vous me connaissez, toujours directe, je ne l’ai pas laissé parler (après tout on ne sait jamais), et j’ai attaqué directement sur le motif de ma visite.
« Alors voilà Monsieur le gendarme, je me suis laissé dire que, dans le cadre de votre présence sur Lingua Franca, il était prévu que vous rendiez à la population quelques menus services. »
Il a grommelé un « Je vous écoute » et j’ai donc continué :
« Il s’avère donc, voyez vous, que demain commencent les soldes, aussi, vous serait il possible de me prêter un de vos beaux militaires pour m’escorter, et aussi m’aider à porter deux ou trois paquets ? »
C’est précisément a la fin de cette phrase que la suite d’onomatopées débutant ce récit est sortie de sa gorge, alors que simultanément, son visage virait au rouge cramoisi (et champlure) et que son postérieur quittait son siège pour faciliter le rapprochement de nos visages.
S’en est suivi un écoulement verbal riche en décibels, duquel on pouvait extraire pèle mêle : « Pas vote bonniche », « Aute chose à foute », « Miction d’intérêt public »(pour ce dernier je suis moins sure).
Bref, en un mot comme en cent, l’affaire semblait lui déplaire légèrement, et pour tout dire, semblait être assez mal engagée.
C’est alors que je me suis mise, mine de rien, a jouer avec ma jolie médaille de District Attorney, ce qui a eu pour effet assez rapide : le ralentissement du débit de l’individu, une baisse considérable du volume sonore, un retour du si joli crème sur son visage, avec cette fois ci une pointe de bleu pâle.
Puis ce charmant jeune homme, après quelques bredoullis excusatoirs dont je vous ferai grâce, m’a accompagnée a l’extérieur de façon à (je cite) « m’attribuer un membre de son effectif en tant que garde du corps »
Dehors, il y en avait plein, des membres de l’effectif, et il y avait aussi un drôle de son ambiant. J’ai appris plus tard que c’était dû au fait que tous ces hommes faisait « mine de rien » en sifflotant, mais comme ils portaient leur masque à gaz pour ne pas être reconnus, ça faisait un peu comme un concert de mirliton dans un tunnel ferroviaire.

Enfin, le plus important, c’est que il y en avait un qui ne portait pas son masque, donc, voilà j’ai eu mon garde du corps.
Et j’ai fait les soldes.
Et il m’a gentiment aidée à porter un ou deux paquets.
