
Le Feuilleton de l’été : Orage ! Ô désespoir…
Alors que le ciel de Bretagne se faisait de plus en plus sombre et qu’au loin le tonnerre (De Brest : logique…) grondait,
nos vaillants aventuriers ont trouvé refuge dans une solide grange aux pierres et aux poutres séculaires, à la paille odorante et accueillante…
Justin : Bon, ça a kamême pas été coton pour ouvrir les portes, pask il a fallut mettre une remorque à cul et qu’Amédée grimpe sur les épaules d’Arthur…
Calvados : Ouais, et heureusement qu’y a les galeries sinon y s’raient par terre… Mais bon : c’est ouvert !
– Ben… Y sont tombés 3 fois kaméme hein, si ch’compte bien…
– Oui, c’est vrai. Et comme disait Robert Lamoureux : « quand j’dis »ils sont montés »… on a tous eu l’impression qu’ils passaient leur temps à r’descendre »…
– Ah ça… ‘fin bon : c’est ouvert !
– Oui, mais par contre… Par contre… Y a pas d’électricité ! Du coup, pour les batteries : c’est pô gagné…
– Non… Mais y a une lampe à pétrole, c’est d’jà ça…
– Vas pas foute le feu, hein !… Bon, j’ai une idée : on monte un cerf-volant en tôle et on capte la foudre pour recharger les batteries !
– Oué, ben laisse moi allumer s’machin, qu’on y voille rien !
– Seulement, va falloir faire chuter la tension et stabiliser tout ça, ou ça va nous péter à la poire !
– Habah voilà : on y voille kaméme mieux ak la lampe à pétrole allumée, hein…
– Habah, oui ! Habah, nan… T’es sure qu’y a du pétrole, au moins ?
– Ben oui, sinon ça s’allumerait pô !
– Bah… Vu qu’c’est éteint…
– Ah, merde !
– Ch’teu l’fais pas dire !
– Ouais… ‘fin ceci dit, vu l’odeur… Me d’mande si c’était bien du pétrole… On dirait plutôt un genre de gnôle… S’qui esplikerait pourquoi ça c’est consumé si vite…
– Habah c’est possible, mais rêve pas, hein : tu touches pas à mon Calva ! Même pô en rêve !
– Bah, chuis pas un sacrilège, hé ho !
– Ch’sais bien, mais kamême…
– *chuchotis* N’empêche qu’on y voille comme dans l’cul d’un corbeau… Du coup on fabrique le cerf volant ? Bon, ben ata : on va s’foute dans la lumière des phares d’une des chignoles…
Tant qu’à r’charger, autant utiliser s’qu’y reste comme jus dans la batterie !
– Ah ouais, t’as raison ! Tant qu’à faire : allons y ! Y a une vieille tôle là-bas, ça va être impec…
– Bouge pô, j’attrape ma caisse à zoutils… Keks coups d’massette, et chteu mets ça en forme…
– Pendant s’temps là, j’dévide la corde en nylon, ça va résister assez pour chuter la tension.
– Passe moi l’chalumeau, seuteuplé…
– Tiens !
– Marsi… Pis mes cisailles, seuteuplé aussi…
– Fous pas l’feu, hein !
– Nan nan, tinkète…
(Bruit de la massette sur la ferraille, grincement de la cisaille, gros mots et jurons aussi variés que divers)
– Habah vu le temps, t’aurais pu mettre des jurons d’été…
– Heing ??? (Crie comme un sourd parce qu’entend rien avec ses coups de massette sur cette fichue tôle)
– Bon, ça va ête bon là… Ça a pas b’soin d’être précis, précis… Pis en plus, ça va peut être fondre, alors…
– Tiens ! Ça t’va’t’y ça ? Pis, t’as vu : j’ai renforcé en soudant un croisillon ak de la tige de 10 !
– Superbe ! Habah tiens, y a Henry qui t’appelle : vazy, j’vais m’démerder pour le reste…
– Pis ch’t’ai soudé un anneau pour mette le cab’…
– Oki, adtaleur…
– Bon, j’ai tout bien préparé, c’est raccordé… J’vais poser l’cerf-volant sous l’pommier et attendre que l’vent arrive…
Le Chef : Kestufous encore toi, tu crois que c’est le moment de jouer ?
Calvados : Nan, c’est pour faire paratonnerre et charger les batteries. Tiens, prends donc ça, en attendant (Donne une grosse clef en fer au Chef qui la fout dans sa poche).
Chef : Ben quoi ? Chuis l’Chef : c’est normal que j’surveille ! Et tu crois que tu vas faire décoller ton cerf-volant comme ca ?
S’pèce d’incapab’, prop’arien ! Tu vas voir comment on fait : faut tendre les bras… Bien s’mette face au vent… Incliner un peu l’cerf-volant… Et.. HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA…

Calvados : Habah merde, le v’là envolé s’con là ! Hé, Justin : ‘iens ‘oir, vite !
Justin (s’approche nonchalamment, les papattes dans les poches et la »maïs » aux lèvres) : Keukiya ?
Calvados : Agarde donc là-haut : il est pas beau note Chef ?
Justin : Ah tiens, il a enfin pris son envol, dis donc…

(Éclatent de rire comme deux bossus)
Chef (crie) : HEEEEE ! HOOOOO ! Les gaaaaars : faites-moi desceeeeeeeeendre !

Calvados : NAAAAN ! Sinon on va rater la foudre ! Et puis si t’es pas content d’être là-haut t’avais qu’à pas gueuler ! Pis d’toute façon le vent est trop fort…
Justin : Y monte encore dis donc… L’est haut, nan ?
Calvados : Habah oui, il est haut : y a 250 mètres de câble…
Justin : Ha ouais, kamême… Si y lâche, y va pô ête déçu !
Calvados : Nan nan, y va pas lâcher, il a bien trop peur…
Justin : Oui, mais faudrait pas qu’y s’en aille : la peur donne des ailes !
(Éclatent de rire comme deux bossus again)
Calvados : T’as vu comme ça d’vient noir ? Ça pô tarder à peuter à mon avis… Même que ça va être un sacré orage, j’pense…
Justin : Mouais… Par contre, ça marcheraity pô mieux ak une clef sula ficelle ton truc ? Comme il avait fait Benjamin Franklin*…
Calvados : Bah oui… J’en avais prévu une justement, mais c’est l’autre andouille là-haut qui l’a dans sa poche…
Justin : Habahoué… Là, forcément…
Calvados : Pis bien sûr, y voudra pas la rendre si on l’fait pas r’descendre…
Justin : Habahoué… Mais si y fait pô d’effort aussi, on va jamais s’en sortir…
Calvados : Nan, s’qui s’rait bien tu vois, c’est qu’y s’serve de la clef pour glisser le long du câbe. Mais bon, pour ça, faudrait qu’il y pense…
Justin : Déjà, faudrait qu’y pense tout court… S’qu’y faudrait, c’est qu’il enfile la clef sul câbe… seulement, l’bout du câbe : il est ou en bas, ou en haut…
Du coup, en bas : y peut pas ! Et en haut, s’il arrive à grimper, faudra qu’y détache le cerf volant, alors…
Calvados : Bah oui, mais ça il f’ra pas non plus… Nan, l’mieux c’est qu’y pose la clef sul câbe, y met une papatte de chaque coté et y s’laisse glisser…
Comme avec une tyrolienne**, quoi…
Justin : Haaaa ouais, vu comme ça… Ben, faizy des signes pour qu’y comprenne…
Calvados : Ouais, ben c’est pas gagné, ça…
(Arrive nonchalamment Amédée)
Amédée : S’qu’y s’passe ? Kiki doit comprendre quoi ?
Calvados : Ben, avec Justin, on a pensé qu’pour recharger les batteries, ça s’rait pas bête de capter la foudre.
Du coup, j’ai bidouillé un système pour faire chuter l’courant et prendre juste s’qu’y faut.
Amédée : Ah ouais, c’est pas con du tout ça… Mais là, si ça continue, c’est pas l’courant qui va chuter, à mon avis…
Calvados : Donc, on a monté un cerf-volant et on allait courir un peu pour le lever, quand l’Chef est arrivé, et il a commencé à gueuler qu’on s’y prenait comme des cons, qu’y fallait l’tenir en l’air pour qu’y prenne le vent bien comme y faut, toussa… Et y nous a montré, et la grosse bourrasque est arrivée…
Et comme il était déjà à plus d’10 mètres, ben il a pas osé lâcher ! Du coup, voilà…
Amédée : C’est kékeun du pays la grosse Bourrasque ? Une cousine à Guéguette ?
Calvados : Mais naaaannnn : c’est l’vent ! Pfffffffff rhaaalalala…
Amédée : Haaaaaa pardon !!!
Justin : Habah, tiens, qui voilà ! Salut m’sieur l’Abbé !
L’Abbé : S’qu’y fout là haut s’con là ? Tenez mes petits… (donne des binouzes aux trois)
Calvados : Bah, c’est l’Chef hein, alors il a voulu l’montrer…
L’Abbé : Mouais… Et y braille quoi, j’arrive pas à bien comprendre…
Justin : Ben, qu’y veut descendre… Mais vu l’orage qu’arrive, y va surtout avoir des cendres à mon avis…
Amédée : Ben, moi j’ai entendu « haaa mé ta ka pak faut haaa bas vouplé scours »…
Calvados : Hein ? Y cause Bélouchistanais ?

Justin : Chaipô, faudrait d’mander à Sylvain.
Calvados : Oui… Habah, tiens : le v’là justement !
Justin : *chuchotis* ‘mon avis, con comme il est, y cause le con tout simplement, mais bon…
Calvados : Dis, Sylvain, ca veut dire quoi : « haaa mé ta ka pak faut haaa bas vouplé scours » ?
Sylvain : Bah, ça veut dire « j’reprendrais bien un morceau d’boudin » en Bélouchistanais. Mais en Bélouchistanais du Sud, hein…
L’Abbé : Ah… Y bouffent du boudin les Bélouchistanais du Sud ?
Sylvain : Habahoui, c’est même le plat national. Alors qu’au Nord, c’est les gencives de porc confites…
L’Abbé : Ah bah, j’en apprends tous les jours moi… En attendant, ça serait bien que quelqu’un lui dise de descendre à l’autre tarte !
Pask on va kaméme pas se faire ch… suer à y monter du boudin jusque là haut ! En plus, on sait même pas si on en a, du boudin…
Justin : Atadez l’Abbé : j’vais demander à Henry..
Calvados : Nan, mais atadez les gars : l’orage arrive, faut pas rater ca !

L’Abbé : Oui, mais j’aimerais kaméme bien savoir si on a du boudin ou pas ! Pask c’est bon, ça, au four ak de la purée…
Calvados : J’branche le câbe sur l’appareil… Et on attend…
(Éclair gigantesque, bruit du tonnerre assourdissant, terre qui tremble…)
CRRRRRRRRRRRRRAAAAAAAAAAAOOOOOOOOUUUUUUUUUUUUUUUUUUMMMMMMMMMMMMM !!!!!!!!!!
Calvados (Sautant de joie) : Ayééééééééééééé !!! Ouaaaiiiiiiisss !!! Ça a touché le cerf volant !!!

L’Abbé, Justin et Amédée (Tout esbaudis) : Oooooooooooooohhhhhhhhhhhhh, la belle bleue !!!!!!!
Calvados : Ouais ! Y a la boule d’électricité qui descend le long du câbe ! Super !!!

L’Abbé : Ça descend même vite, dites donc !

Calvados (Un peu déçu) : Habah nan, c’est pô la boule : c’est l’Chef… Vite, des coussins !


(CHPLAF ! Bruit du Chef qui se vautre comme une bouse au pied du treuil)
L’Abbé : Trop tard…
Calvados : Hannnnn, il est tout lumineux l’Chef !
Justin : Pour une fois qu’y fait des étincelles…
Amédée : Pourquoi qu’y répété tout l’temps »Gniiii » ?
Sylvain : J’sais pas, mais perso j’y touche pas, hein !
Calvados : Nan nan, t’as raison : on va l’décharger avant. Passe-moi c’seau-ci plein d’eau là…
Sylvain : C’seau d’eau là ici ?
Calvados : Nan ! L’ote seau là près d’ce seau-ci ! Ce seau-ci c’est d’l’essence, là !
Sylvain : Ah, oki : pas c’seau-ci là ici, mais c’seau-ci plein d’eau là ?
Calvados : Oui, voilà : ce seau-ci, là !
L’abbé (Se signant) : Sainte Vierge…
(Calvados balance le seau d’eau sur le Chef : SPLAAAAAAAAAAATTTTTTTTTCHHH BZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ PPPPPPPPPPCCCCCCCCHHHHHHHHHHFFFFFFFFFFF et PLOP !)
Calvados : Habah ça y est : il est éteint… *chuchotis* petit navireuu…
(L’Abbé Chbaffe Calvados!)
Calvados : Mais, aieuuuuu…
L’Abbé : Désolé mon fils, un mauvais réflexe…
Calvados (Masse l’arrière de sa tête) : Oui, mais aie kaméme !
L’Abbé : C’est rien, c’est rien : c’est pour ton bien…
Justin : On dirait une merguez que Guéguette avait oublié sul grill, dis donc…
(Calvados et Justin vérifie les appareillages)
Calvados : Bon, ben en tout cas c’est super : on va pouvoir recharger les batteries, les accus sont gonflées à donf !
Justin (Regardant le Chef) : Ouais… Mais, lui aussi : il a bien chargé !
(Tout le monde rigole)
Calvados : Bon, en tout cas on peut pas y toucher, hein… Alors, on va le porter chez l’Cuistot, et pis comme ça, on verra si y a du boudin par la même occasion…
Sylvain : Ah nan mais, moi j’touche pô à s’truc là, hein !
Amédée : Bon, bah nous v’là avec un Chef grillé ! Mais bon, pendant s’temps là y nous fait pas ch… il nous embête pas, au moins…
L’Abbé : Allons, allons, mes petits : un peu de charité Chrétienne… C’est pas qu’il nous fait ch… qu’il nous embête, c’est heuu… comment dire ?…
Calvados : Ouais, c’est ca : »comment dire ? »…
L’Abbé : Ah, si : il nous les hache menu ! Mais alors : menu !!!
Calvados : On est bien d’accord ! Bon, ben… La civière, et direction la Popote !
L’Abbé : Oui mais bon, en attadant, on peut pas laisser s’truc là, là !
Justin : Habah ça tombe bien, vu qu’le Henry c’est l’Cuistot ET l’Toubib : c’est lui qu’a la civière ! (Fout un grand coup de sifflet la papatte entre les dents, puis braille) : Hé !! Henry !!!
Henry (Gueulant) : Ouaaaiiis, kikiya ?
Justin (Gueulant aussi) : Y a Calvados qu’a b’soin d’la civière !!! Pas pour lui, hein…
Calvados (Gueulant derechef) : C’est rapport au Chef qu’a eu une descente difficile !
L’Abbé (Gueule aussi comme tout le monde) : Oui ! Apparemment y s’est fait mal, mais c’est pas d’note faute, hein ! Et y a-t-y du boudin ?
Calvados : Nan ! On y est pour rien ! Pis on n’était même pô là, alors…
Sylvain : Même qu’on est arrivés après, c’est pour dire… Mais du coup : y a-t-y du boudin ou pas ?
L’Abbé : *chuchotis* Rhooo… Vous en avez dans l’gilet, kaméme !
Calvados : *chuchotis* Ouais, bah vous êtes dans l’coup aussi, alors : »camembert », hein…
L’Abbé : *chuchotis et ricanement* C’est bien une réponse de Normand ça, tiens !
Henry : Mais pourquoi qu’vous gueulez comme ça ?
Amédée : Habah t’es là Henry ! Bah, on gueule pask’on t’a pas vu arriver…
Henry : T’nez, la v’là vot’ civière ! Pis pas la peine de gueuler alors qu’chuis à 2m50 derrière vous ! Par contre, vous vous démerdez, hein… Ch’peux pas rester : j’ai des Boudins-Purée au Four qui gratinent…
L’Abbé : YESSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS !!!
Calvados : Hannnnn ! R’gardez mieux : l’Chef il est pas abîmé du tout ! Il est enroulé dans la tôle du cerf-volant ! Si ca s’trouve, dedans il a rien du tout ! Attendez…
(Calvados mets ses gros gants en caoutchouc et écarte la tôle : CCCRRRAAAAACCC !)
Amédée (Se penche et observe) : Nan… Il a l’air comme neuf, juste les yeux un peu bizarres, p’têtre…
Sylvain : Et l’air un peu crispé aussi, nan ?…
Justin : Pas abîmé… Pas abîmé…
Calvados : Nan, j’veux dire pas PLUS abîmé qu’avant, quoi…
L’Abbé : L’a kaméme l’air un peu bizarre, nan ? Mmmmm… N’empêche que ça sent drôlement bon… Pas lui, hein…
Sylvain : Ouais, ben n’empêche que moi : j’touche pas à ça !
Calvados : Bon, ben on l’porte à l’infirmerie, et on va manger !
L’Abbé : YYYYYYYYYYYYEEEEEEEEEESSSSSSSSSSSSS !!!
Calvados : Ouais, pis on se magne ! Passkeu fait faim et l’Abbé va devenir fou, à force…
Calvados : Attassion : à »un » on lève… Un !
(Bruits de l’estomac de l’Abbé »Grrrrllllllll grrraaarrgggll grrrooolllgglll »)
L’Abbé (sourit benoîtement en rougissant) : S’cusez moi, hein…
Calvados : S’pas grave l’Abbé : on sait s’que c’est…
L’Abbé : Bon… On en était à « un », nan ?
Calvados : Oui, du coup on a levé… Nan ?
(Justin, Amédée, Sylvain et l’Abbé regardent Calvados en hochant la tête négativement et l’air dépité)
Calvados : Ah… Bon, bah on recommence… UN !
Sylvain : Ah oui, mieux ! Mais qu’d’un seul côté du coup…
Calvados : Bon… Je r’pose…
Justin : On r’pose alors ?
Calvados (Soupir de grande lassitude) : Bon, kiki prend l’ote coté ?
L’Abbé : Habah, moi j’y suis déjà…
Amédée : Oui, moi aussi !
Justin : Ben, moi pareil… Mais du tien d’côté, en fait… Donc, c’est bon : on est tous comme y faut s’te fois !
Sylvain (Les deux mains dans les poches) : Moi j’vous suis, au cas où… *chuchotis* Pis d’façon, j’touche pas à s’truc là, moi…
Calvados : *chuchotis* On commence à l’savoir… Bon, alors : UN ! Habah voilà, kaméme !
L’Abbé : Allez, mes enfants : hop ! Direction l’infirmerie ! Han, dei, han, dei, han, dei ! Hop ! Hop ! Hop ! Hop ! Hop !

Amédée : Qu’est-ce qu’il est lourd s’con là !
Justin : C’est la ferraille, ça…
L’Abbé : Habahoué… N’empêche qu’il est kaméme lourd, s’con là !

Calvados (Gueulant) : HENRYYYY ! ON TE MET L’CHEF DANS L’INFIRMERIE !
(Bruits de l’estomac de l’Abbé again »Grrrrllllllll grrraaarrgggll grrrooolllgglll »)
Calvados : Attassion les vieux gars : à »un » : on l’balle sul lit ! Prêts ? Et… UN !… Allez, hop : on pose le brancard et… A TAAAAAAAAABLE !!!


Tous (Courant vers la grande table) : OUUUUUUAAAAAAIIIIIIISSSSSSSSSSSSS !!!
(Bruits de mastication, légers rots, bruits de boisson, rots plus forts)
L’Abbé : Haaaaaa… Le boudin-purée : mon plat préféré !!! J’m’en frais péter l’bide !

Calvados : Ouais, bah justement une assiette de rab : j’dirais pas non…
Justin : Heuuu… TOUS les plats son vot’ plat préféré l’Abbé, vous dites ça à chaque fois !
Sylvain : Kissé qu’a la moutade ?
Calvados : *chuchotis* Ferme-là Justin, y t’a r’gardé d’un drôle d’air…
Justin : *chuchotis* Bah, si on peu plus rigoler…
Calvados : Ah, au fait les vieux gars : j’ai pigé s’qui s’est passé pour l’Chef… C’est technique !
Toute la tablée : Haaaaaa ?
L’abbé (Mâchouillant) : Pachez-moi l’pinard, cheuteuplé…
Calvados : En fait, la « toile » du cerf-volant est en tôle et l’armature a pété, donc la tôle s’est enroulée autour du chef, ça a fait »cage de Faraday », et c’est pour ca que l’Chef a pas été foudroyé… Par contre, il a eu du bol que l’câbe tienne le coup tout seul… Maintenant, faut un ouvre-boîte…
Amédée : J’ai !
L’Abbé (Bruit de mastication) : Habahoué, ché krès techkeunique en effet… Ha merde ! J’ai oublié d’dire les Grâces du coup ! Atadez (se lève) »In nomine Patri et Filii et Spiritus Sancti… Merci Seigneur et toussa hein, comme d’hab’, mais là ça va r’froidir ! Amen » (se rassoit et se remet à boulotter)
Calvados : Hééééééééé !!! Kissé qui m’a piqué mon boudin pendant qu’j’espliquais ?
Abel (Ricanant) : Habah ça, hein… Sté pour pas que qu’tu causes la bouche pleine : c’est pas poli !
(Tout le monde ptdr)
Calvados (A moitié vexé) : M’en fous, m’en vais m’en chercher un autre, na !
Henry : Chouine pas, mon cadet ! J’ai fait une deuxième fournée au cas ou… Tiens : te v’là une double part !
Calvados : Merci mon Henry, t’es le meilleur !
Henry : Je sais, ça… Je sais… (ricane)
Calvados : Au fait : t’as r’gardé l’Chef ?
Justin : Habah tiens, en parlant d’ça, c’est marrant : si vous r’gardez la tente de l’infirmerie, elle est toute lumineuse, d’un joli bleu azuréen…
Calvados : Habah oui, c’est joli. C’est l’Chef qui r’tourne à l’âge de pierre : il fait du néon lithique !
(Eclat de rire général)
Adrien (S’essuyant les yeux) : N’empêche qui doit p’têtre avoir soif !
Calvados : Nan nan, le mouille pas surtout : tu risques te prendre un coup de jus ! D’ailleurs, à s’ propos, un p’tit café-calva ça s’rait pas d’refus…
Adrien : AVEC ton boudin-purée ???
Calvados : Bah nan : après ! Sois pas bête !
L’Abbé : Ha ouf ! Tu m’as fait peur, sot !
Henry : C’est pas peur sot, c’est MEUR sot les saucisses !
(Eclat de rire général derechef)
Abel : N’empêche qui faudrait pas qu’la luminosité du Chef, ça attire les voleurs de goûter !
Calvados : T’as pas tort toi, on va le décharger après manger… Avant l’dessert et l’café et les pousses-café… Pask après on aura plus l’courage…
Abel : Paskeu… Grand Papy y m’a raconté de ces chôôôses sur les voleurs de goûter !!! J’en avais les poils sula tête tout hérissés ! Comme ceux du Chef, là…
Calvados : Habah, c’est un fléau ! Ils ont peur de rien, y respectent rien… Mais nous on est prévenus, alors on a de quoi répondre ! Pis si y sont vraiment très méchants, on leur dit qu’l’Chef a une énorme valeur, comme ca il vont l’enlever, et ils tiendront pas longtemps…
L’Abbé : Le plus terrible d’entre tous, parait-il, c’est Azim Le Terrible, justement, avec ses 40 voleurs !
Calvados : Azim Huté ?
Adrien : Ouais ben, si tu fais un truc pareil : bon courage pour raconter ça aux grandes au r’tour, hein… ‘mon avis, l’Abbé y peut commencer à préparer ta messe funèbre !
Calvados : Nan nan, y a pas d’soucis : y tiendront pas deux jours, et y nous donneront même des goûters pour qu’on l’reprenne…
Justin (Se tourne vers Calvados) : C’est pas ça qu’on appelle un bide ?
Calvados : Oui mon cadet, pis un beau encore !
Adrien : N’empêche : t’iras raconter ça aux grandes, toi, hein…
Calvados (Un peu vexé par son bide kaméme) : Bon ! On va s’occuper du chef ?
Arthur : Ha, j’ai cru entendre des « Gniiii… Keusseusséééé ? » venant de l’infirmerie…
Henry : Bah atadez, z’allez pas y aller sans boire ma tournée !
Calvados : Nan nan, Henry : on r’vient tout de suite… Mais c’est dangereux, alors on boira après… Pis ça va pendre à peine 3 minutes…
Henry : Oui, r’marque… Pis y va pas s’envoler en plus, hein… Il a d’jà essayé et on a vu l’résultat !
Calvados : Bon, y m’faut un volontaire ! On plante un pieu en métal dans le sol, et on relie la tôle au pieu avec un gros fil électrique…
Sylvain : Mais pourquoi qu’y veut planter un lit dans l’sol ???
Justin : Habah, il est prop’ lui déjà…
Sylvain : Hipch ! Kicha ?
Calvados : Bon : on y va ?
(Se lèvent tous et accompagnent Calvados jusqu’à l’infirmerie. Là, Justin et Arthur enfoncent un pieu métallique dans le sol, tandis que Calvados enfile ses gros gants en caoutchouc et se saisie d’un gros câble de batterie, muni à chaque extrémité d’une pince crocodile. Puis il fixe une pince sur la tôle du cerf-volant, et il clipse l’autre sur le pieu en métal… Gros éclair et gros BBBBBBBBBBBZZZZZZZZZZZZZZZZZ et PAF !)





Chef : Gnignispass ?????
Calvados : Rien, rien : rendors toi…
L’Abbé (Sort une bouteille d’Élixir de Saint Kussec) : Bois ça, mon enfant !
Chef : Glouglouglouglouglou… Hipch !… Rooooonnnnnnnffffffffffffffffflllllllllllllllllllllllllllllll…
Adrien : Alors : j’avais bien dit qui d’vait avoir soif !
Calvados : Ouais, pis nous aussi… Hop : on y r’tourne ! Henryyyyyyyyyyyyyyyy ! Nous r’voilà !
(Retournent en courant à la grande table)
L’Abbé : Zyva Riton : fais péter l’breuvage de Notre Seigneur !
Calvados : Zavez vu ? Du coup il est éteint, l’Chef !
Abel : Ça va limiter l’risque d’attirer les voleurs de goûter !
Calvados : Habahoué…
Justin : Moi, contre les voleurs de goûter, j’voulais emprunter la MG42*** d’ma grande, mais elle a jamais voulu !
Calvados : Ah bah, ça s’prête pas ça, hein… C’est comme un tracteur ou une brosse à dents…
Justin : Oui, c’est ça qu’elle m’a dit aussi…
Calvados : Et vu la cadence de tir, y faut bien deux r’morques de cartouches, en plus…
Justin : D’façon on a nos révovers****, alors…
Calvados : Bah, oui ! Pis on a l’Abbé ! Heuuu… ‘fin, ‘voyez s’que j’veux dire hein, l’Abbé…
L’Abbé : Haaaa, mais y pas d’offense ! Et je s’rai toujours là pour veiller sur vous et vous protéger mes enfants !
Justin : Surtout que, connaissant l’Abbé, il a pas du partir sans « biscuits », hein mon Père ?
Calvados : Nan ! A mon avis, ça s’rait même plutôt proche des Établissements Belin, non ?
(Rigolade générale)
L’Abbé : Ah mais, mes enfants, n’oubliez jamais : « Aide toi, et Le Ciel t’aidera ! »…
Calvados : Ouais… Sur ce j’irais bien roupiller moi… Pas vois ? Hipch !… Vous ?
Justin : Ton four est toujours allumé Henry ? Pask y a Calvados qui veut de l’Opéra… Y veut un pavois rôti !
(Tout le monde pété de rire)
L’Abbé : C’est vrai qu’il serait grand temps d’aller »rouler la viande dans l’torchon » comme disait Le Père Manganate au Grand Séminaire… On a 32 mk à s’farcir demain…
Calvados : 32 MicKeys ???
L’Abbé : Naaan ! Hipch ! Km : KiloMètres !
Calvados : Bon, ben tout l’monde au pieu ! ‘fin ceux qui peuvent, les autres y dorment où y tombent…
Abel : Ouais, pis après Calvados y va core gueuler qu’on tient pas la moyenne !
Calvados : Habah, quand on fait des étapes de 250m, oui : j’gueule un peu… Mais, un peu…
Arthur : Oui, mais ça s’pas d’note faute : c’est ces foutues mouettes !
Adrien : Ouais, pis on pouvait pas prévoir l’orage, en plus !
Calvados : Habahoué, mais n’empêche… A la mouche… Hipch !
Justin : Ni la connerie du Chef, surtout !
Calvados : Ah si pardon, ça : on peut prévoir !
Henry : Z’en voulez vraiment pas une tite lichette pour vous aider à dormir ?
Calvados : Habah oui, on va pas t’vexer !
Henry : Surtout qu’c’est un Chouchen de 20 ans d’âge ! Cadeau du Maire de Concarneau… brrmm brmm… Avant le concert…
Justin : Habah, c’est bien qu’la bouteille ait pas pété déjà… Mmmmm ! Il est fameux en tout cas !
L’Abbé : Ha, Nom de Lui !!!!
Calvados : Pffiiouuuuuuu ! Cha déboîte ! Range ça Henry, range ça ! C’est des coups à la finir, sinon !
Nicéphore : Haaaaaa… Ché bien toute la… Hipch ! Gratgane cha ! Gratagne… Bregtane… BREtagne ! Hipch ! Chi ma… Hipch ! Grande, était là…
Calvados : Ben… La bouteille chrait vide ! Hipch !… Bon, ododo ! Boujou tout le monde… Hipch ! Admain taleur…
Tout le monde en chœur : Vuiiiiii ! Hipch !!!
Et sous le ciel étoilé d’Armorique, nos vaillants aventuriers s’endorment enfin… Seul, parmi le chant des grillons, montaient leurs ronronnements et leurs ronflements d’alcoolique béatitude. Enfin, presque… Parce que tout là haut, sur une colline surplombant le campement et bien à l’abri sous un gros Dolmen, Bizounours, l’air désabusé, se grattait la tête en se disant : « Et le pire est pas encore arrivé… Ça : tu peux en être sûr mon vieux gars ! Et j’me d’mande en plus, pourquoi ils s’emmerdent à tracter une remorque de « Bonlolo » ? Pask vu s’qu’y distillent : y sont pas près d’y toucher… En plus, d’ici à l’arrivée -s’ils arrivent un jour- l’aura bien tourné en crème, leur « Bonlolo » ; voire même en beurre… Enfin… J’vais m’bâcher aussi moi, tiens ! ».

* Et après y en a qui diront qu’on s’documente pas…
** Tyrolienne : La Tyrolienne est un système de transport sur filin.

*** MG42 : La MaschinenGewehr 42 Allemande, plus connue sous son code de nomenclature »MG42 » ( »MG » pour »MaschinenGewehr », soit »Mitrailleuse » en Français), est considérée comme l’une des meilleures mitrailleuses de la Seconde Guerre mondiale.

****Révovers : Les Tichats disent »Révovers » et non »Revolvers » ; ne nous demandez pas pourquoi, on est comme vous : on en sait fichtrement rien ! Cependant, il semblerait que suite à une querelle entre Sylvain, l’Abbé, Justin et certains autres -dont, bien sûr, Calvados !-, il a été décidé que, dorénavant, ils diraient « Flingue » pour couper court à toute polémique ou discussion oiseuse..